Designeuse germano-danoise, Gesa Hansen s’inspire de l’héritage familial et de ses expériences en Allemagne et au Japon pour dessiner des meubles et intérieurs qui façonnent une nouvelle esthétique scandinave. Label The Hansen Family, collaborations, projets futurs… celle qui fait partie des 100 meilleurs créateurs de l’année sélectionnés par AD nous éclaire sur son approche responsable de la création.
Bonjour Gesa, tu es issue d’une famille qui a évolué dans le même domaine que toi. Devenir designeuse était-il une évidence pour toi ?
Mon père est designer industriel et mon grand-père était ébéniste donc j’ai grandi dans ce milieu dès mon plus jeune âge. Mais plus tard, j’ai voulu trouver une voie différente de celles de ma famille, j’étais très intéressée par le graphisme. Puis j’ai intégré l’université du Bauhaus en Allemagne et c’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que je pouvais associer le graphisme avec l’architecture et le design. J’ai été très influencée par le Bauhaus et ça se retrouve aujourd’hui dans mon travail. Ensuite, je suis allée au Japon pour intégrer l’université d’art et de design de Nagoya au Japon avant de rentrer en France où j’ai travaillé chez Jean Nouvel et H5.
Tes créations sont influencées par les cultures scandinave, française et japonaise et le Bauhaus…
Oui tout à fait, mes créations s’inspirent aussi bien du minimalisme du Bauhaus que du design japonais qui conserve un côté un peu plus chaud et « imparfait ». Et puis la France où je vis aujourd’hui m’a donnée beaucoup plus de liberté dans le dessin et la création. Il m’a fallu un peu de temps pour m’imprégner de la culture du design ici et je me rappellerai toujours de cette phrase que l’on m’a dit un jour : « Pour casser les règles, il faut les connaître ».
Tu évolues autour de trois activités : les intérieurs, le design de meubles et la direction artistique…
Exactement, ce sont mes principales activités mais elles forment un ensemble, elles se nourrissent en permanence, en fonction des projets, des rencontres…. J’aime bien intervenir à différents niveaux avec mes clients tout en collaborant avec d’autres designers ou architectes. Le mélange est pour moi très important et je ne prône pas le « total look ». Il faut apporter plusieurs touches, plusieurs styles… dans un intérieur.
The Hansen Family, c’est le label sous lequel tu présentes tes créations ?
Une grande partie de mes meubles et objets personnels est effectivement éditée chez The Hansen Family, label à travers lequel nous fabriquons les meubles de manière artisanale. Mais je dessine aussi des projets pour d’autres clients comme Villeroy & Boch, des groupes hôteliers, des boutiques, des marques…
Comment envisages-tu la création à travers ce projet familial dans lequel tu as intégré tes parents ?
The Hansen Family réunit mes parents, mon frère, ma belle-sœur et moi… Une vraie collaboration familiale où chacun tient son rôle. Ma mère s’occupe des clients, mon père gère les stocks avec ma belle-sœur qui est chargée du site web également et mon frère fabrique. Quant à moi, je dessine les meubles. Nous avons un atelier en Allemagne où nous concevons les prototypes et nous fabriquons en Lituanie où mon frère est installé. Là-bas, il y a une vraie culture de l’artisanat très ancrée et elle nous apporte une certaine liberté de fabrication notamment pour les grandes collections.
Tu as une relation particulière avec le bois…et tu es très concernée par l’environnement, comment cela se traduit dans ton travail ?
Le bois est un matériau exceptionnel avec lequel on peut faire énormément de choses sans avoir forcément besoin d’outils très spécifiques. C’est un matériau vivant qui change avec le temps et qui s’exprime vraiment sur la durée. J’aime beaucoup voir que certaines de mes créations changent au fil des années, le bois se patine et devient de plus en plus beau. J’ai grandi avec un grand-père ébéniste donc le bois a toujours fait partie de ma vie. Je fais en sorte de travailler avec des filières certifiées pour m’approvisionner et j’utilise uniquement des produits respectueux de l’environnement. Je suis proche du bois, de la nature et cette approche a toujours été évidente pour moi. De nos jours, il est indispensable de fabriquer de manière responsable
Tu fais partie des 100 meilleurs créateurs sélectionnés cette année par AD…
Je suis évidemment très fière d’avoir été sélectionnée par AD, c’est une reconnaissance de mon travail. C’est une chance d’être mise en avant parmi tous ces talents. On a parfois l’impression d’être un peu seule dans son coin lorsque l’on vit et travaille loin d’une grande ville comme Paris par exemple. C’est mon cas depuis quelques temps mais c’est agréable de savoir que mon travail plait et que je suis soutenue.
Tu as également lancé Countryfication…
Countryfication est un side project dans lequel je me suis lancée avec deux amies. Notre idée au départ était de publier un livre sur la vie à la campagne pour donner envie aux gens de se lancer simplement. L’idée est de transmettre un peu ce que j’ai vécu lorsque j’ai décidé de déménager à la campagne avec ma famille. C’est un projet super sympa qui nourrit notre amitié avec Charlotte et Estelle. Chacune d’entre nous apporte son savoir-faire, ses idées et nous sommes très complémentaires. Je vous invite à jeter un œil à notre site : www.countryfication.fr
Quels sont tes projets actuels et futurs ?
Je suis en train de dessiner une nouvelle collection de meubles en parallèle d’un nouveau projet avec Villeroy & Boch. Il y a également une demande pour une galerie. Et puis je travaille toujours sur deux hôtels, le premier ouvrira ses portes en fin d’année à Chamonix et le second sera implanté dans le quartier de Montmartre à Paris. Les travaux devraient débuter en début d’année prochaine.