Peinture, fresques murales, design graphique…. Séverine Dietrich déploie ses formes radicales et puissantes inspirées par l’architecture à travers des projets protéiformes. A l’occasion de ce 114ème numéro dont elle signe la couverture, l’artiste nous propose un petit tour d’horizon de son univers visuel, ses collaborations et ses projets futurs.
Hello Séverine, comment ça va ?
Hello Focus, ça va très bien, merci !
Tu es installée à Lyon c’est bien ça ?
Tout à fait, je vis dans les Pentes de la Croix Rousse et mon atelier s’y trouve aussi.
Ton parcours en quelques mots ?
En quelques mots, ça va être difficile ! Mais si je passe toutes mes errances et multiples changements d’orientation, j’ai fait les Compagnons du Tour de France en tant que Peintre en décors puis un BTS design et communication, pour finir ma formation à l’École des Beaux-Arts de Lyon en section design graphique. J’ai d’abord travaillé comme graphiste puis la peinture a fini par devenir mon activité principale.
Tu peux nous en dire un peu plus sur tes activités ?
Mon activité se divise en trois parties qui se nourrissent les unes des autres. La première est la peinture, je travaille sur des séries de toiles destinées à être exposées, à chaque série sa thématique, je travaille toujours avec le même vocabulaire graphique, mais je raconte des histoires différentes en fonction, soit du lieu d’exposition, soit de mes envies du moment. La deuxième est la peinture murale, la plupart du temps, je travaille sur commande pour des architectes, des particuliers ou des bailleurs sociaux en collaboration avec les habitants. C’est un travail que j’aime beaucoup, le rapport aux murs et aux très grands formats me permet d’imaginer des visuels adaptés qui prennent alors toute leur ampleur. Le rapport au corps face à un mur de 5 m de haut est intense et parfois effrayant mais tellement satisfaisant. La dernière partie de mon travail et non des moindres est la collaboration avec des marques de tous les horizons, c’est une partie que j’aime beaucoup, car les contraintes liées à la commande et au cahier des charges me poussent à aller dans des endroits nouveaux qui me mènent à de nouvelles explorations.
Ton histoire avec la pratique de l’illustration et la peinture ?
Le point important est que je dessine très mal ! J’ai toujours beaucoup expérimenté, du collage, au mélange de couleurs, depuis toute petite, je manipule les matières et les textures. Je pense que c’est sans doute cette faiblesse au niveau du dessin qui m’a amené à prendre des chemins de traverse et à développer une technique qui m’est propre. J’ai grandi en montagne donc très éloignée des musées et de la culture en général, ce n’est que plus tard en arrivant en ville que je me suis découvert un réel intérêt pour l’art et son histoire.
Comment tu définis ton langage visuel ?
Mon langage est indéniablement inspiré du design graphique et de l’architecture. Je suis très sensible à l’abstraction géométrique. J’aime travailler des formes radicales et puissantes, des grands formats avec une volonté d’aller à l’essentiel, de capter l’essence du lieu qu’elle souhaite représenter.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
J’ai plusieurs projets en cours, des fresques dont une pour Paris Habitat, une série de toiles qui prend la forme d’une bande dessinée, c’est l’histoire d’un voyage intérieur, intime et universel à la recherche des émotions et de leurs tonalités. Je souhaiterais exposer ce travail, mais également l’éditer sous forme de livre, un roman graphique un peu hybride. D’autres projets sont en cours, mais dont je ne peux pas parler pour l’instant.
Qui sont tes clients ? Mode, déco, hôtellerie, festivals…
L’avantage de mon travail, c’est qu’il peut s’adapter à de nombreux domaines, c’est d’ailleurs ce qui le rend toujours plus stimulant. J’ai donc des clients dans le textile avec les marques Olow et Label Chaussette par exemple, dans l’univers du skate avec Element, dans la grande distribution avec Danone et Carte Noire, l’objet avec les gourdes Qwetch, la restauration avec un très gros projet pour le Centre Commercial de la Part-Dieu l’an dernier où j’ai eu pour mission de créer l’identité visuelle de leur espace restauration, et investir avec des fresques et de nombreuses déclinaisons imprimées l’ensemble du centre commercial, et pour finir la déco dans mes projets en collaboration avec des architectes et la marque de papier peint Acte déco.
C’est quoi l’atelier Tire Fesse ?
L’Atelier Tire Fesse est un espace collectif dans lequel nous sommes 4 artistes et designer et une scénariste, un petit atelier de rêves dans les pentes de la Croix Rousse que nous partageons autour de notre travail et de nos aspirations. Nous faisons aussi régulièrement des ouvertures au public, pour boire un verre et montrer notre travail.
Ta collaboration la plus inattendue, la plus singulière ?
Sincèrement, toutes mes collaborations sont inattendues et singulières à leur manière. La plus marquante, je crois fut celle avec Element, je commençais tout juste la peinture, et lorsque j’ai reçu leur proposition de collaboration, j’ai eu du mal à y croire. J’ai fait beaucoup de sport de glisse et travailler avec eux à ce moment-là était un peu comme un rêve inaccessible. La collaboration a été incroyable, elle était présente dans le monde entier et les plus grand skaters avait ma planche. Cette collab a vraiment marqué le début de quelque chose, elle m’a donné confiance en moi.
Celle dont tu rêves ?
Il y en a tellement ! Une collaboration sur du mobilier avec un designer me plairait beaucoup.
Un artiste incontournable ?
Etel Adman, une poétesse et plasticienne qui m’éblouit complètement.
Une œuvre d’art emblématique ?
Le Tonneau des Danaïdes de Geneviève Claisse.
Un musée à visiter absolument ?
Le musée d’Art Brut de Lausanne
La dernière expo que tu as vue ?
La Biennale d’Art Contemporain de Lyon, Manifesto of Fragility
L’endroit idéal pour déconnecter ?
Peu importe du moment qu’il y a du soleil et que la lumière est belle.
Ton disque du moment ?
Agar Agar et plus particulièrement la chanson I’m That Guy que je suis capable d’écouter en boucle.
Un film qu’il faut avoir vu au moins un fois dans sa vie
Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, je n’en dirais pas plus, il faut le voir.
Tes actus et prochains projets ?
La sortie prochaine d’une chouette collaboration mais dont je ne peux encore rien dire.
Pour te suivre en ligne ?
Évidement Instagram : @severinedietrich et mon site www.severinedietrich.co
Et celui site de mon agent : www.virginie.fr
Un dernier mot ?
Merci beaucoup pour cet interview et longue vie à Focus Magazine !