De retour depuis quelques années, le chapeau est aujourd’hui devenu plus qu’un simple accessoire. Alors on est allé rencontrer Chris Lehoux, artisan chapelier de Montpellier spécialiste des pièces sur mesure qui nous explique plus en détails ce métier aux savoir-faire traditionnels.
Hello Chris, comment a démarré ton activité de chapelier ?
Cela fait une vingtaine d’années que je travaille dans le monde des bars à cocktails, j’ai commencé ma carrière à Londres, Rome, Sydney et Paris et dans le même temps je me suis intéressé à la fabrication de chapeaux parce que je ne trouvais rien à mon goût. Au fil du temps, cette activité est devenue plus qu’un passe-temps et elle allie créativité et savoir-faire manuel. Aujourd’hui, je partage mon temps entre le Phantom bar à Montpellier ouvert en 2019 et la chapellerie que je compte développer.
Comment se déroule la fabrication des chapeaux ?
Mes chapeaux sont fabriqués à l’aide d’outils et techniques traditionnels. Dans un premier temps, j’utilise la vapeur et la chaleur pour modeler la feutrine sur des blocs de bois et obtenir la taille recherchée. Ensuite, je ponce et brûle légèrement un dôme pour rendre la surface plus lisse, je coupe la largeur des rebords et le sweatband qui est cousu à la dimension de l’intérieur du chapeau. J’utilise du cuir que je marque avec des feuilles d’or à l’aide d’une machine qui le chauffe et le presse. Après je couds les différents rubans de tissus selon les commandes et le style recherché, au niveau des rebords et autour de la tête…Ensuite je fais réchauffer le haut du chapeau pour donner sa forme, cela se fait à la main, doucement et il faut répéter les mouvements pour définir précisément la forme souhaitée, un peu comme de la poterie. Et pour finir, avec des ovales en bois, je renverse le chapeau à l’intérieur et je repasse avec une pression pour figer les rebords avec la bonne courbure.
Peux-tu nous parler un peu des matières, des inspirations et des variantes ?
Il reste très peu d’usines en Europe qui fabriquent de la feutrine, l’industrie du chapeau ayant pratiquement disparu contrairement aux Etats-Unis mais j’arrive tout de même à me fournir au Portugal et en République Tchèque. Quant aux outils, blocs et ovales en bois, ils ont été fabriqués par un ébéniste spécialisé à Londres, l’un des rares à faire perdurer ce savoir-faire. Pour l’inspiration des modèles, je regarde ce qui a été fait dans le passé et je modernise avec des couleurs, des finitions plus contemporaines. J’incorpore de la broderie, des tissus tie and dye, je brûle pour donner un aspect plus vieux, je poinçonne, je couds des bijoux… il existe de nombreuses variantes qui permettent de façonner un chapeau unique et original. Depuis quelques années, le chapeau revient en force, de façon plus casual, il est bien plus qu’un simple accessoire utilitaire mais un vecteur de personnalité, une expression de soi. Je fais beaucoup de sur mesure car les clients apprécient le travail manuel et le concept de la pièce unique.
Ton atelier est installé à Castries et tu gères tout, tout seul ?
A l’heure actuelle j’utilise mon garage comme atelier mais je suis à la recherche d’un local dans le centre-ville de Montpellier pour y installer mon atelier/boutique afin d’accueillir mes clients et proposer une plus large gamme de modèles. Oui je gère toutes les étapes de fabrication moi-même, toutes les manipulations de feutrine à la main et les coutures avec la machine à coudre ou à la main, cela dépend. Pour l’instant, je reçois mes clients au bar pour les commandes de sur mesure en attendant le futur shop.
Tu travailles sur commande et tu réalises aussi des petites collections c’est bien ça ?
Oui, je fais du sur mesure, mes clients peuvent choisir le modèle, la couleur, la forme, les finitions, les tissus, tout est modulable selon les envies. Je crée également des petites collections que je vais élargir une fois que j’aurais déménagé l’atelier.
Tes projets ? Des collaborations ?
Mon projet est de vraiment développer la marque, jusqu’à récemment j’étais pas mal pris avec l’ouverture du bar, maintenant je veux me focaliser sur les chapeaux. Récemment j’ai fait quelques collaborations dont une avec « Sentiment Bijoux » une marque basée à Montpellier pour laquelle j’ai créé un modèle associé à leur dernière collection. Et une autre avec un barbier qui s’appelle Brice (bricet sur insta) qui a imaginé le concept « causerie ouvrière » où il rencontre des artisans comme moi pour mettre en valeur leur travail.