Depuis déjà quelques années, le design scandinave, récent comme ancien, truste les podiums de la décoration d’intérieur. Mais le design français a lui aussi connu son heure de gloire lors des trente glorieuses, avec des noms comme André Monpoix, Pierre Paulin ou encore Pierre Guariche. Un autre nom sort du lot lorsqu’on parle de design français des années 50 à 70 : Alain Richard… Peu connues mais terriblement efficaces, ses créations ont reçu de nombreux prix et une reconnaissance des plus grandes instances.
Né en 1926, Alain Richard est formé par René Gabriel après des études à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, école de laquelle il sortira major en 1949. Il s’installe dans la foulée en Hollande au début des années 50, au plus près du design qu’il affectionne et qu’il veut développer. En 1952, il fonde sa propre agence avec son épouse, la talentueuse créatrice de tissus Jacqueline Iribe. Dès lors, il s’impose comme l’un des plus brillants représentants de sa génération. Une génération que Solange Gosse, alors rédactrice en chef de La Maison Française, qualifiera de « jeunes loups ». Une génération portée par l’enthousiasme de l’après-guerre, pleine de vitalité et sans complexes pour rivaliser avec les pays du nord et les américains tout en gardant un style proprement français.
Au début des années 50, Alain Richard est âgé d’à peine 25 ans lorsqu’il comprend, avec un peu d’avance, que le mobilier de qualité n’est pas l’apanage de l’industrie du luxe. Il collabore alors avec André Monpoix et dessine des meubles édités par Vecchione et Meubles TV. Son style est avant-gardiste, sobre et se définit par le refus du décoratif. Ses conceptions figurent parmi les plus rigoureuses mais aussi parmi les plus élégantes de leur époque ; les proportions sont parfaites, les lignes pures et radicales, les détails sont raffinés, l’exécution est irréprochable. Et la critique de l’époque le sent bien : son parcours est couronné de multiples prix. Il reçoit en 1954 le Grand prix de la Triennale de Milan, celui de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958, le prestigieux Prix René Gabriel en 1964…
Il conçoit les aménagements de l’Ambassade de France à Moscou, de nombreux ministères, mais aussi tribunaux et préfectures. À partir de 1977, il s’occupe des aménagements de l’aéroport d’Orly, de la station de RER Auber, et d’une vingtaine de musées… Dans cette période prolifique que sont les années 70, il est avec Pierre Paulin, celui qui recevra le plus de commandes du Mobilier National. Lampes, enfilades, chaises et fauteuils, bureaux tables et banquettes, Alain Richard a touché à toutes les pièces habituelles du design avec brio… Des meubles et objets à découvrir ou plutôt à redécouvrir au plus vite.