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JEAN-FRANÇOIS D’OR – Interview

Designer belge de l’année en 2013, Jean-François D’Or a fait de la recherche de l’essentiel son leitmotiv. A mille lieux du design « excentrique », ce créateur d’objets modestes, simples et logiques, passionné de littérature et fondateur du Loudordesign studio en 2003, livre sa vision du design contemporain, centrée sur la fonctionnalité et le plaisir d’utilisation. Interview.

Bonjour Mr D’Or. Pour commencer pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours, de ce qui vous a amené au design…
J’ai suivi une formation classique, type sciences-math, où, à mon grand regret, la notion de culture et l’approche des domaines artistiques sont quasi inexistantes… A travers la littérature et quelques auteurs je me suis retrouvé devant un champ infini où un gigantesque incendie a commencé à crépiter. Pour enfin rapidement intégrer que tous ces secteurs et vecteurs sont bien étroitement liés…
Je me souviens avoir lu à 16 ans le manifeste des surréalistes, les écrits de Breton et autres, leurs œuvres et pirouettes et autres pieds de nez, jusqu’aux actes et démarches de Marcel Duchamps… Provocation, dérision, absurdité, émotion, poésie,…
Brûlé par ces envies d’expression libre et ces voyages d’électrons libres, j’ai trouvé en l’objet un délicieux vecteur d’expression ; médium idéal, lien entre l’homme et ses activités ; son contexte.
Peu après, j’ai découvert cette discipline qu’est le design industriel un peu par hasard, via une exposition sur la brosse à dent au Design Museum de Londres ; terrain très large permettant de très sérieusement « jouer » avec les objets, leurs fonctions, leurs interactions et autres nombreux paramètres qui forgent la définition de l’objet.

JEAN-FRANÇOIS D'OR

Vous avez débuté chez Light, spécialiste du luminaire, puis travaillé aux côtés de Maarten Van Severen ou de Hans De Pelsmacker. Que retenez-vous de ces expériences auprès de ces designers de renom ?
La chance du débutant ? A ce moment, je commençais et ne me doutais pas de l’opportunité et de la richesse de ces rencontres ; de vrais dialogues qui allaient bien au-delà de l’approche professionnelle. De vraies personnes, complètes, cela vous offre de fameuses expériences et aiguise certains réflexes qui vous accompagnent encore aujourd’hui. On ne fait rien seul, tout est dans ces rencontres.

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Vos créations sont qualifiées de modestes, simples et logiques, des mots qui semblent être le leitmotiv de votre parcours…
J’ai un profond respect pour l’objet, celui qui va le fabriquer, celui qui va l’utiliser. Cela me force à aller à l’essentiel et à être surtout loin, bien loin du « WouAAA » design, de l’excentricité. Dans ma démarche, je ne pense pas que l’objet puisse être l’expression de mon égo ! Plutôt l’approche Lego ;))
Je revisite simplement différentes typologies d’objet, les analyse, m’intéresse à leur évolution ; ont –ils besoin d’une révolution ? En ce sens, j’approche cela avec beaucoup de questions, de recul, des pincettes et des gants et si j’ai la chance de pouvoir intervenir la dessus, je vise avant tout une certaine justesse ; c’est bien difficile et même prétentieux de prétendre y parvenir. Brancusi disait « la simplicité est la complexité résolue ».

Quelle est votre approche du métier de créateur d’objets, quelles sont vos envies principales, d’où viennent vos inspirations, vos réflexions quand vous démarrez un projet ?
Les inspirations sont heureusement multiples et variées ; une grande alchimie, un grand creuset. Lorsque je démarre un projet, je me place toujours en situation, je visite les gestes possibles autour de cet objet, les scénarii d’utilisation, l’interaction, le contexte,…

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On a particulièrement aimé vos pièces en céramique et en verre pour Ligne Roset, Serax ou La Rochère. Vous semblez avoir un goût prononcé pour ces deux matériaux…
Dans l’absolu, j’aime tous les matériaux… sauf ceux qui sont mal utilisés ou inappropriés à l’objet retenu. En somme, il faut faire le bon choix selon la synthèse de tous les paramètres qui rentrent dans la genèse d’un objet.

Vous travaillez régulièrement pour les grands noms de l’édition de mobilier contemporain qui exposent chaque année au Salon de Milan. Cet évènement demeure incontournable et vous y étiez cette année en compagnie d’autres designers belges… c’est bien ça ?
Milan est un très beau carrefour, tant historiquement que géographiquement, culturellement et ou sociologiquement ; donc un très beau voyage. C’est à nouveau l’opportunité des rencontres… et des échanges. Cette année j’y exposais une collection de tables et plateaux, June & July, édités par une jeune marque Belge Cruso. Olivier Stévenart, éditeur de Cruso m’a accompagné dans l’aventure et ce fut très agréable.

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Vous avez lancé une collection pour la salle de bain baptisée Ingrid… Comment l’avez-vous imaginée et quelles sont les pièces majeures qui la constituent ?
A nouveau, j’ai imaginé cette collection de salle de bain InGrid en essayant de me placer à la place des gens ; en tentant de répondre à leurs envies, leurs besoins. Nous avons d’ailleurs procédé à une petite enquête afin de bien cerner l’évolution d’une telle pièce de nos jours. En conclusion : une salle de bain qui ne ressemble pas à une salle de bain. Une pièce de vie où bien-être, émotion, calme et sérénité complètent l’approche pratique et pragmatique.
Cette collection, ou plutôt système modulable de salle de bain est éditée par la marque Belge Vika. Nous parlons plus d’un système modulable, évolutif, qui permet à chacun de composer son espace à sa guise. La collection part du point d’eau, la vasque, l’évier et se complète de rangements, de miroirs, d’étagères, de luminaires,…

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Comment avez-vous accueilli le prix du designer belge de l’année que vous avez obtenu en 2013 ?
Une très belle reconnaissance venant de très belles institutions Belges.
Une belle aventure, et puis une rencontre plus directe avec le grand public, qui avant cela, restait assez loin, d’intermédiaire en intermédiaire, fabriquant, éditeur, revendeur, boutique,…

Quels sont les projets présents ou futurs dont vous pouvez nous parler ?
Il y a de nombreux projets en cours, à différents stades, mais je préfère toujours les livrer plus en aval et ne pas révéler les coulisses trop en amont.

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