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MARGAUX HUG – interview

Photographe et directrice artistique, Margaux Hug a développé un univers visuel surréaliste aux couleurs pop acidulées.
Mêlant graphisme et photographie, elle collabore aujourd’hui en équipe sur des projets publicitaires pour de grandes marques de luxe. Entrevue

Bonjour Margaux. Comment ça va à Paris ? La rentrée s’est bien passée ?
Tout se passe bien à Paris, je n’ai pas eu vraiment le temps de réfléchir à la rentrée, tout s’est enchainé très vite, le rythme de la ville est intense et les vacances déjà loin !

As-tu profité des vacances pour faire plein de photos de voyage ?
Je ne fais pas vraiment de photos de voyage, je n’ai jamais beaucoup aimé photographier la nature. Mon travail s’articule autour de photographies en studio, aux mises en scènes pop et surréalistes. Je pense la photo une semaine ou deux en avance avant d’appuyer sur le bouton. Il faut le temps d’acheter tout le matériel pour fabriquer le set, faire des croquis, penser sa lumière, ou le stylisme… C’est la raison pour laquelle la photo de paysage ou instantanée ne m’inspire plus aujourd’hui.

Peux-tu nous raconter ton parcours et tes débuts en tant que photographe professionnelle ?
J’ai commencé par étudier le graphisme et la publicité pendant 4 ans et j’ai développé un travail photographique intense en parallèle. J’ai commencé à me faire connaître avec mon blog, et ai ensuite intégré les Gobelins en photographie option prise de vue à Paris. J’ai fait de la photo de mode pendant plusieurs années pour de petites marques, puis, j’ai naturellement orienté mon travail vers des visuels plus colorés et surréalistes. J’ai également assisté différents photographes à Londres et à Paris.

On en sait peu sur les types de clients avec lesquels tu collabores. Presse Magazine ? Mode ?…
J’ai collaboré avec plusieurs magazines et des marques de vêtements, mais je n’ai plus trop le temps cette année avec mon travail de directeur artistique à plein temps. J’ai un nouveau projet en cours dont je ne peux pas trop parler pour l’instant…

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Tu es également directrice artistique, une autre facette de ton travail…
Ma formation de photographe m’a permis d’aiguiser mon regard, et m’a orientée vers un poste de directeur artistique dans une agence de publicité à Paris. Je travaille à présent pour de grandes marques de luxe au sein d’une équipe. Les métiers de l’image se recoupent sans cesse, il faut rester ouvert à toutes les possibilités, à tous les supports. Mon exemple serait le créateur Jean-Paul Goude, qui ne se cantonne plus à une case mais travaille l’image de manière générale. Il vient par exemple d’imaginer la nouvelle publicité Chance de Chanel, et a aussi collaboré avec le Harper’s Bazaar anglais sur une superbe nouvelle série de photos. C’est ce qui me passionne aujourd’hui dans le métier de directeur artistique : inventer un univers, donner vie à une idée en collaborant avec des set designers, des mannequins, des maquilleurs, des réalisateurs et sur différents supports : vidéo, photos, packaging… L’effervescence du travail en équipe me passionne, et la profession de directeur artistique me rappelle celle de chef d’orchestre.

Tu mêles le graphisme et la photo dans tes compositions pour créer un monde imaginaire…
En effet, je crois sincèrement qu’une image ne peut être totalement le fruit du hasard. Il y a toujours une intention derrière une image. Bien sûr qu’il existe une part d’imprévu dans la photographie, mais le travail de composition doit être plus important. Le graphisme permet de comprendre comment composer une image, comment manipuler les couleurs ensemble, afin qu’elles hypnotisent le regard. On ne peut plus faire de photographie aujourd’hui en ignorant tout le travail déjà accompli dans les domaines du graphisme. Les deux se complètent, et le graphisme peut emmener une photographie encore loin. Je pense par exemple aux graphistes M/M à Paris qui ont collaboré avec le photographe de mode Jean-Baptiste Mondino sur la pochette de l’album de Vanessa Paradis, ou à la photographe Viviane Sassen sur la dernière campagne Parco. Le résultat est splendide ! J’admire aussi la graphiste Quentin Jones et ses films pour Chanel ou Schweppes. Il y a aussi le vidéaste Julien Vallée qui a su réinventer la mode grâce a son oeil de designer graphiste. Regardez ses fantastiques vidéos pour Hermès ou pour Samsung ! La photographie ne peut plus se contenter des éternelles images de ville en noir et blanc ! Les choses ont évolué dans tous les domaines de l’image.

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Tu es parfois qualifiée de photographe « pop acidulée », qu’en penses-tu ? Bonne définition ou trouves-tu cela un peu réducteur ?
Je ne pense pas que cela soit réducteur. Il faut savoir trouver le mouvement artistique qui nous correspond le mieux afin de trouver de réelles libertés dans son travail. Un chercheur qui
explorerait tous les domaines de la science ne trouverait jamais aucune solution! Il faut des années pour trouver des réponses à une question, et un photographe ne peut répondre à toutes les questions esthétiques qu’englobe ce métier, il faut choisir son  camp!

Les fruits et légumes apparaissent dans certaines de tes séries. En manges-tu cinq par jour ?
Cela dépend des jours… c’est vrai que je préfère peindre les légumes plutôt que de les manger, mais je fais des efforts là dessus!

D’ailleurs, d’où vient ce goût photographique pour la nourriture ?
La nourriture m’intéresse car il existe une dimension organique à travers les aliments. On les mange, on les mâche, les admire, les déteste, on se passionne pour eux. Ils sont tellement ancrés dans le réel qu’il est amusant de jouer autour de la perception que l’on a d’eux. La junk food, comme dans mes visuels de pop corn, de cocacola ou de biscuits, représente un côté artificiel et industriel que je m’amuse à accentuer par des couleurs pop et des mises en scènes surréalistes. C’est toute la culture américaine que je retrouve à travers les aliments que je photographie: des cornets de glace, des sucettes, des donuts… Inversement, les légumes, souvent perçus comme ennuyeux dans l’imaginaire collectif, sont magnifiés à travers la couleur. J’y vois une métaphore de l’Art et du geste de l’artiste : sublimer le réel, poser un voile qui magnifie la perception que l’on a du monde.

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Il y a aussi ces couleurs très affirmées, éclatantes…
C’est cette forte influence du pop art qui me suit depuis toujours. Les couleurs acidulées me rappellent les paradis artificiels comme les fêtes foraines, les marchands de glaces, la pop musique, les clips videos, les gadgets brillants des supermarchés… C’est cette société du kitch et du spectacle que j’y retrouve et qui me captive. C’est d’ailleurs autour de ces thématiques que s’articule le travail d’artistes contemporains comme Pierre et Gilles, Andy Warhol ou Jeff Koons. Leurs couleurs très affirmées sont le reflet de notre époque.

On remarque un côté totalement surréaliste dans tes clichés, tu as des influences particulières pour t’inscrire dans ce courant ?
Il y a beaucoup d’artistes qui m’inspirent. Je pense notamment au travail de Sarah Illenberger, que j’admire depuis des années. Il y a une réelle réflexion autour de l’image surréaliste; que se passe-t’il si je modifie la texture ou la couleur d’un objet du réel ? A quel moment la réalité devient-elle imaginaire ? Son ananas en boule disco est un des visuels que je préfère. Je suis aussi une grande fan du collectif Toilet Paper Magazine -crée par Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari- ou encore du vidéaste Julien Vallée dont j’ai parlé précédemment. Dans la photographie de mode je m’inspire beaucoup du travail de Miles Aldridge ou de Guy Bourdin. Il y a bien sûr les incontournables qui restent très présents : Man Ray, Cocteau, Dali…

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As-tu des projets d’expositions personnelles pour présenter ton travail en galerie ou ailleurs ?
Non pas encore, j’espère bientôt!

Quel sera l’objet de ton prochain shooting ?
La prochaine session photo sera réalisée en équipe avec l’agence parisienne chez qui je travaille à plein temps pour une marque de luxe.     C’est tout ce que je peux dire pour le moment.

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