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ÉDOUARD BOUTINAUD – INTERVIEW

Photographe professionnel depuis plus de quinze ans, le parisien Edouard Boutinaud multiplie les projets, de la publicité aux portraits en passant par les paysages, la mode, la lingerie ou la beauté. Élégantes, poétiques et parfois plus spontanées, ses créations enchantent le regard par leur originalité et leur naturel. L’évolution du métier, ses collaborations avec la presse, ses récents projets… cet élève de « l’ancienne école » se livre.

Bonjour Mr Boutinaud. Commençons avec les grandes lignes de votre parcours… Je suis originaire de Paris et ai suivi une formation à l’Ecole des Gobelins à la fin des années 90. J’ai démarré dès ma sortie comme assistant de plateau pour différents photographes, notamment au studio Cosmos qui n’existe plus aujourd’hui. J’ai fait mes armes durant plusieurs années pendant lesquelles j’ai également eu l’occasion de vivre en Suède, en Angleterre et en Italie notamment. Puis au fur et à mesure, je me suis fait repérer par de grands noms comme Jean Larivière ou Inez Van Lamsweerde & Vinoodh Matadin avec qui j’ai collaboré et forgé mon expérience. A leurs côtés, j’ai découvert le métier de photographe, les différentes techniques…. Je suis issu de l’école argentique et exerce depuis maintenant une quinzaine d’années.

Quels changements avez-vous vécu dans la profession depuis vos débuts ? Le métier de photographe a bien évidemment considérablement évolué depuis mes débuts en 2000. L’arrivée du numérique a bouleversé la profession, c’était un changement radical qui a permis de travailler de manière beaucoup plus souple et flexible avec un process en laboratoire par conséquent moins présent. Le métier s’est ainsi démocratisé et a amené toute une nouvelle génération à s’intéresser à la photographie, avec parfois malheureusement un manque de formation technique. L’évolution s’est faite dans ce sens grâce également à un matériel plus accessible même si le véritable matériel professionnel reste cher. Il y a aujourd’hui davantage d’immédiateté dans la photo, on produit des images toujours plus vite pour des clients de plus en plus exigeants.

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Aujourd’hui, vous travaillez au sein du Studio Cassiopée… Exactement, je me suis réimplanté au sein du studio Cassiopée après avoir géré pendant sept ans le Studio Noir avec deux associés. Grâce à cette collaboration,  je suis désormais un résident de la structure qui est devenue mon laboratoire, mon espace de recherches dans lequel je produis une grosse partie de mon travail, notamment les séries publicitaires, mode, beauté et lingerie. C’est un lieu d’inspiration qui me permet de travailler à la lumière du jour, ce qui est évidemment essentiel pour un photographe.

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Vous collaborez avec le magazine WAD qui publie depuis toujours de superbes shootings. La presse est-elle un véritable espace de liberté créative pour vous ? Ma collaboration avec WAD a démarré il y a un bon moment déjà. Il est vrai que ces supports presse me laissent un certain espace de liberté créative même s’il faut toujours respecter un thème, une ligne éditoriale. Ce type de travail avec la presse me permet de proposer des idées, de varier les shootings… Je réalise également des séries pour le magazine BlackRainbow dont la dernière est parue courant janvier. Régulièrement, j’imagine des installations pour les marques, je participe à des publi-rédactionnels… et l’avenir m’amènera peutêtre vers d’autres types de supports comme des magazines davantage tournés vers l’information quotidienne ou hebdomadaire. En tout cas, la presse demeure pour moi un véritable terrain d’expression créatif.

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Deux séries ont particulièrement attiré mon attention de par leur originalité. Il s’agit des clichés de cages de football « Swedish Frame » et ceux des animaux morts sur la route, « La route est longue, la vie…. » Comment vous sont venues ces idées ? Swedish Frame comme son nom l’indique a été réalisée en Suède lors d’un voyage durant lequel j’ai parcouru 5000 kilomètres pour découvrir les quatre coins du pays. Je me suis arrêté dans plusieurs villes et villages pour réaliser des clichés sur le travail du cadre et de la composition au cœur de la nature suédoise. L’idée m’est alors venue d’immortaliser ces cages de football toutes différentes les unes des autres. J’ai trouvé intéressant de lier ce travail au sport en réalisant des polaroïds qui furent ensuite exposés puis publiés dans un numéro de Black Rainbow consacré au football. Quant à la seconde baptisée « La route est longue, la vie… », il s’agit d’un travail réalisé durant un roadtrip en Afrique du Sud au nord de Cap Town. J’ai photographié des animaux morts sur ces routes de plusieurs centaines de kilomètres pour montrer que le risque de rencontrer la mort dans cette immensité existe toujours. Il est présent n’importe où. Même sur leur territoire, ces animaux peuvent perdre la vie en croisant la route de l’homme. Ces polaroïds ont également été exposés par la suite.

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Justement, vous utilisez régulièrement le polaroïd ? Oui j’essaye de produire de temps à autres des séries avec cet outil que je trouve génial même si de nos jours, il reste difficile de s’équiper. Je trouve cela très amusant, poétique et cela apporte un rendu vraiment différent du numérique. Pour certaines recherches, j’utilise les polaroïds en Noir et blanc. Je fais en sorte de varier les outils quand cela est possible.

Une photo de la campagne Perrier en 2013 avait été réalisée sur la plage Carré Mer, lieu bien connu des montpelliérains. Racontez-nous ce shooting… Une agence m’avait confié la réalisation d’images pour la campagne Perrier. nJ’avais donc entrepris une tournée des plus belles terrasses de France pour cette ncampagne et eu l’idée de faire les photos sur la plage privée Carré Mer suite à un pré-repérage. C’est d’ailleurs après un déjeuner, avec l’accord de la direction, nque j’ai réalisé le visuel. Connaissant Montpellier et sa région, le lieu se prêtait nparfaitement à ce travail qui a d’ailleurs été retenu par l’agence et le client.

La retouche fait parfois débat en photographie. Quel est votre avis sur la question ? Je considère la retouche comme un outil nécessaire. Elle peut intervenir à un moment donné dans la recette et de la bonne manière afin de conserver un certain équilibre. Ceci étant dit, cela reste une histoire de goût propre à chaque photographe et au rendu qu’il souhaite obtenir. Je n’utilisais pas la nretouche à mes débuts et j’essaye toujours aujourd’hui de m’en servir le moins possible. En général, je la délègue pour gagner du temps. La prise de vue est primordiale à mes yeux et la retouche doit avant tout servir à sublimer, arranger, améliorer une image. Elle facilite parfois les choses, notamment lorsqu’il s’agit de séries beauté, lingerie ou mode par exemple pour « nettoyer » les défauts. J’essaye de conserver au maximum cette spontanéité et ce côté naturel.

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Les réseaux sociaux et Instagram notamment ont entrainé un nouveau mode de communication par l’image. Quel regard portez-vous sur ce phénomène en tant que photographe ? Pour tout vous dire, j’utilise Instagram depuis peu. Je m‘étais inscrit à la suite d’un projet baptisé « #loveisproject » avec mes deux associés qui fut publié entre autre sur ce réseau social. Je découvrais alors ce nouveau moyen de communication qui me parait aujourd’hui indispensable pour les photographes mais aussi pour toutes les personnes qui s’intéressent à l’art et à la création dans sa globalité. C’est un outil de partage pratique et efficace que j’utilise de manière plus personnelle mais cela changera peut-être à l’avenir. Quoi qu’il en soit, la question des droits d’utilisation n’est pas encore totalement réglée et il y a encore du chemin à parcourir à ce niveau là.

Vous réalisez également des vidéos depuis peu. C’est un domaine que vous souhaitez explorer davantage à l’avenir ? Effectivement, les avancées technologiques m’ont amené à me tourner vers la vidéo. J’ai d’ailleurs suivi une formation professionnelle car je considère que c’est un métier très différent de la photo. Petit à petit, les choses avancent, les projets se multiplient et j’ai déjà réalisé plusieurs petits films dont le dernier s’intitule Lifeforms, sorti fin janvier.

Que pouvez-vous nous dire sur vos actualités ? Mis à part le projet Lifeforms que je viens d’évoquer, j’ai récemment présenté l’installation « Meltdown » pour la maison Trudon, Manufacture de Cire, fabricant de bougies parfumées et j’en prépare actuellement une autre dans le même esprit pour une nouvelle marque. Sans oublier des parutions dans les magazines WAD pour la série « SHOES MY WORLD » et Black Rainbow pour la série «BODY STUDY ». Un dernier projet mode pour DRX LEGEND et des prochains voyages.

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www.edouardboutinaud.com

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