Photographe, retoucheur et Réalisateur installé à Montpellier, Yannick Brossard réalise aussi bien des portraits de vie que des campagnes publicitaires. Entouré d’une équipe de créatifs, cet autodidacte de la photo mène sa barque entre projets personnels et commandes, avec la volonté d’inscrire l’humain au centre de ses images. Nous l’avons rencontré dans son studio de l’Ecusson. Interview.
Bonjour Yannick, comment ça va à Montpellier ?
Bonjour, et bien tout se passe pour le mieux ici. Cela fait maintenant quatre ans que je suis installé à Montpellier. La vie est bien différente de celle de Paris, d’où je suis originaire, mais très agréable.
Démarrons avec quelques mots sur ton parcours, sur ce qui t’a poussé à faire de la photo ?
Au départ, je ne me prédestinais absolument pas à la photographie puisque j’ai suivi une formation de gestion d’entreprises, de complexes touristiques plus particulièrement. Je suis un véritable autodidacte. Je pratiquais la photo de manière très personnelle puis une rencontre avec Olivier de larue Dargère a quelque peu changé mes plans. Je me suis alors initié à la pratique du Noir & Blanc dans son laboratoirespécialisé dans l’argentique. J’étais principalement chargé des retouches pour différents types de projets dont des séries pour des agences de mannequins. Puis en collaboration avec cette équipe en question, nous avons créé deux magazines baptisés Heaven et Icon grâce auxquels j’ai fait d’autres rencontres dont celle avec David Bellemere, Jérome Tisné, Robert Jaso et Youri Lenquete avec qui j’ai collaboré durant 2-3 ans, jusqu’en 2003. Cette année-là, je suis parti en direction de l’Argentine pour débuter un voyage de deux ans à travers l’Amérique du Sud avant de me retrouver à New-York. J’ai ensuite continué ma carrière chez D-Touch, structure dans laquelle j’ai poursuivi mon travail de retoucheur et d’opérateur numérique. J’ai entamé une collaboration avec Réseau Ferré de France après avoir remporté un appel d’offre. S’en sont suivis plusieurs projets et commandes…
Comme nombre de photographes, tu as plusieurs cordes à ton arc, des commandes publicitaires et des projets personnels… comment partages-tu ton temps ?
J’essaye de trouver le temps pour produire des séries personnelles même si actuellement mon planning ne me le permet pas toujours. Mais c’est fondamental de développer ces deux univers que sont les commandes et les choses plus personnelles et spontanées. Ce sont ces deux univers qui définissent et nourrissent mon travail aujourd’hui. Je ne veux pas être catalogué comme étant le photographe de Renault par exemple.
Justement, tu travailles régulièrement avec le Renault. Comment s’est nouée cette collaboration et quelles sont les contraintes de la photographie automobile ?
Mon travail pour RFF m’a justement permis de collaborer avec Renault qui avait apprécié mon travail de valorisation de l’homme dans son milieu professionnel. Aujourd’hui, je travaille régulièrement avec le constructeur sur deux axes, que ce soit sur le plan de la communication avec « La France de Renault » par exemple et sur celui du marketing avec les campagnes publicitaires ou les catalogues. La photographie automobile publicitaire demande évidemment un certain savoir-faire et un travail d’équipe. Il existe de nombreuses contraintes comme vous pouvez l’imaginer car il s’agit de fabriquer un environnement dans lequel vient s’inscrire le véhicule à mettre en avant. Il faut prendre en compte un certain nombre de demandes des designers, etc…
Tu viens d’évoquer « La France de Renault ». Peux-tu nous livrer plus de détails sur ce projet, son histoire… ? Les ouvriers sont au centre de cet ouvrage qui porte un autre regard sur cet univers souvent méconnu.
Oui j’ai longuement travaillé sur ce projet. Ce fut une superbe expérience qui m’a permis de mettre en avant un type photographique que j’apprécie beaucoup, à savoir la photo « sociale » même si je ne suis pas fan de ce terme. L’idée était de mettre en avant ces hommes et femmes qui ont bâti cette grande entreprise dont le développement est fait d’histoires individuelles. C’est un projet qui m’a amené à visiter les 22 sites de production de Renault implantés sur le territoire français et grâce auquel j’ai fait de superbes rencontres et gardé en tête de nombreux souvenirs. J’ai pu tirer le portrait de tous ces gens qui travaillent au quotidien et qui ont posé de manière très naturelle devant l’objectif. C’est vraiment cet aspect qui m’intéresse et puis effectivement, on ne voit pas tous les jours les usines et grandes entreprises sous cet angle. Ce travail s’inscrit dans le même esprit que celui effectué pour Réseau Ferré de France ou Bouygues.
Tu as participé à une campagne pour le Musée d’Orsay, un projet quelque peu différent des autres…
Oui tout à fait, c’était un super projet avec une certaine part de créativité. J’ai collaboré avec l’agence Publicis pour créer une campagne de pub annonçant la réouverture du Musée d’Orsay suite à d’importants travaux. L’idée était de réaliser des photographies des visages de très près associées à l’accroche « Nous avons revu Orsay. Tout est à revoir ». Ce qui fut assez incroyable, c’est qu’il m’a été offert la possibilité de me balader seul dans le musée et de visiter avec le conservateur du musée l’endroit où sont stockées les œuvres non exposées au public.
Il y a aussi cette série plutôt singulière sur les parkings et une autre en noir & blanc réalisée en Argentine…
La série consacrée à l’Argentine a été réalisée durant mon voyage en Amérique du Sud. Je suis parti avec un seul appareil argentique et une centaine de pellicules noir et blanc. Je n’avais pas de ligne directrice, j’ai simplement photographié ce que j’avais en face des yeux, la vie quotidienne, les habitants dans leur environnement… J’ai ensuite tiré environ 400 clichés format 20X20cm de ce voyage que j’ai associés pour créer une immense fresque.
Quant au parking, il s’agit d’une série réalisée au cours d’un petit tour d’Europe durant lequel Renault m’avait demandé de photographier les utilisateurs de voitures électriques. Ce jour-là, j’étais à Bréda aux Pays-Bas et je me suis rendu dans ce parking flambant neuf afin de l’immortaliser. Il y a un vrai travail sur les lignes et la circulation de l’œil sur ces images.
Tes projets personnels s’inscrivent dans les univers du portrait et de la mode. Est-ce un travail plus spontané, qui laisse plus de place à la créativité ?
J’ai réalisé différents travaux de mode mais ce n’est pas un univers dans lequel je souhaite m’inscrire durablement aujourd’hui. Le portrait m’intéresse davantage à vrai dire et j’essaye d’en faire le plus souvent possible. Il existe effectivement plus de spontanéité et de créativité sur ce type de travail. J’aime avoir quelqu’un en face de mon objectif et en faire ressortir quelque chose. Cela me permet de mettre en pratique de nouvelles idées et de collaborer avec d’autres personnes.
La retouche est un sujet récurrent dans votre métier. Quel est ton point de vue sur cette question ?
Il faut savoir que la retouche a toujours fait partie du processus de fabrication d’une photographie. A l’époque du noir & blanc, on utilisait par exemple un système de masquage puis d’autres techniques sont apparues au fil du temps jusqu’à la retouche numérique qui constitue un formidable outil d’accompagnement. Je considère les retoucheurs comme des artistes à part entière qui s’inscrivent dans un travail d’équipe avec un directeur artistique et un photographe. Je crois qu’il est primordial de valoriser la retouche et de mettre à mal toutes ces idées reçues la concernant.
Tu réalises également des films, quelle est ton approche pour passer de l’appareil photo à la caméra ?
La pratique de la vidéo est venue assez naturellement notamment grâce aux moyens techniques modernes et l’approche est sensiblement la même qu’en photographie. La base commune est l’image à part qu’en vidéo elle est animée. Les contraintes sont évidemment plus nombreuses mais c’est hyper intéressant. J’ai commencé à réaliser lors de ma collaboration avec RFF et, à l’heure actuelle, la vidéo constitue une part très importante de mon travail. Je présente d’ailleurs plusieurs projets sur mon site, comme la campagne de la Mutuelle des Motards avec l’agence Montpelliéraine Voix Publique.
Que peux-tu nous dire sur les projets à venir ? Une petite exclusivité pour Focus Magazine ?
Pas mal de projets sont en cours en ce moment. Je m’occupe notamment de visuel du nouveau SUV Renault, le Kadjar ; je poursuis mon travail sur le contournement ferroviaire Nîmes/Montpellier assuré par Ocvia pour qui je vais effectuer un survol du chantier en hélicoptère afin de réaliser un film en cineflex… Je collabore également avec une petite structure de location de Combis Volkswagen implantée dans les Cévennes sans oublier les projets de portraits et une commande qui m’amène en Inde. Autrement, je suis en train de développer sur Montpellier un pôle créatif regroupant des freelances spécialisés en vidéo, montage sonore, 3D, motion design… Nous sommes installés dans un studio en centre-ville et nous nous positionnons comme une agence de com/boite de production pouvant répondre à différents demandes de clients grâce à nos compétences complémentaires.