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Victoria ROUSSEL – Interview

Illustratrice et directrice artistique basée à Paris, Victoria Roussel a déjà collaboré avec les festivals Rock En Seine et We Love Art, les sérigraphes du Print Van Paris ou encore avec les magazines Paulette et Beware… Bien décidée à ne pas s’arrêter là et à oser plus en 2016, elle
propose aujourd’hui des créations colorées, parfois cosmiques, parfois teintees d’une touche quelque peu farfelue. Interview.

Bonjour Victoria, Comment ça va à Paris ? L’année 2016 a bien démarré ?
Ça va plutôt bien, 2016 a pour le moment bien commencé, j’attends la suite avec impatience !

Peux-tu nous parler de ton parcours ? Tu es originaire d’Avignon c’est bien ça ?
J’ai grandi au soleil, à Avignon, pour ensuite bifurquer vers Toulouse afin d’étudier les Arts Plastiques. J’ai ensuite atterri à Paris, où je vis actuellement, j’ai pu y terminer mon cursus mais surtout y rencontrer tout un tas de gens fantastiques et développer de chouettes projets. Je n’ai pas fait d’école de graphisme, ni de formation très pointue, c’est plutôt de la débrouille.

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Qu’y a –t-il dans ta boîte à outils ? Tes procédés de création ?
Ma boite à outil se renouvelle sans cesse, mais en général j’aime mélanger les médiums, les matières, les techniques, je peux passer des heures à dessiner académiquement au crayon pour ensuite y superposer des formes organiques tracées sur Illustrator. Mais si je devais faire la liste de ce qui traine sur mon bureau je dirais : de l’encre de chine, trois crayons gris, des poscas, de la gouache et une tablette graphique, et avec ça je crée un cocktail.

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Tu travailles principalement en bichromie, d’où te vient cette « obsession » ? Tu utilises aussi la superposition…
Pendant une longue période je ne bossais presque qu’en bleu et rouge, pour moi c’était un duo qui se suffisait à lui même, simple et efficace. Aujourd’hui j’ai beaucoup élargi ma palette de couleurs, je vais chercher sur tout le nuancier, mais sans pour autant avoir fait le tour des possibilités graphiques de ce système de bichromie. Je n’ai pas encore exploré toutes les facettes de ce duo et il m’arrive encore souvent d’y retourner, de retravailler uniquement en bleu et rouge. C’est un peu la même chose avec la superposition, je tends à aller vers d’autres systèmes, à diversifier mes procédés, mais j’y reviens toujours à un moment où un autre. Ce qui est génial avec la superposition de formes ou de couleurs c’est que ça apporte tout de suite quelque chose de plus abstrait et de moins linéaire, c’est comme si le dessin adoptait une nouvelle dimension.

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Comme tout artiste / DA, tu as forcément des influences, des œuvres ou des créateurs fétiches, tu peux nous en citer quelques uns, ou nous parler de tes coups de cœur ?
Mes influences arrivent un peu dans tous les sens, du cinéma, de la mode, de la BD, de l’Art contemporain. Je suis une fan de science fiction, c’est pourquoi un grand nombre de mes illustrations, surtout en ce moment, ont un lien avec l’espace, le cosmos.
Les artistes minimalistes des années 70, comme Sol Lewitt, Dan Flavin ou encore Donald Judd m’inspirent énormément, par la simplicité déconcertante des formes employées. C’est une démarche conceptuelle qui n’est pas tellement applicable pour ce que je fais en illustration, mais qui néanmoins structure mes gestes.

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Nombre de tes illustrations sont réalisées pour le monde de l’édition. Les magazines semblent être un support de prédilection. Pourquoi ?
Je suis assez attachée au support papier, pour moi l’édition artistique est un lieu alternatif au musée, et peut être un espace d’exposition tout à fait équivalent et offrant même une certaine proximité. Après, l’aspect narratif de l’illustration va de pair avec l’édition, ce sont les parfaits associés. Je pense que chaque illustrateur a une approche très spécifique de l’édition et c’est ça qui est beau, chacun remodèle les mots à sa manière.

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Tu touches également à d’autres supports : affiches, murs, pochettes de disques, tee-shirts, tote bags et skateboards… Quelle serait pour toi l’étape suivante, le support ultime ?
Un lieu tout entier, créer un véritable microcosme, c’est le fantasme de l’œuvre totale. Avec une scénographie construite sur mesure, des immenses tissus sérigraphiés, des prints aux formats improbables, des plantes, une création sonore, c’est clairement mon rêve suprême, le support ultime.

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Tu viens de présenter « Le laboratoire des micro-utopies » au Pavillon des Canaux à Paris. Tu peux nous présenter ce projet ? D’où vient ce nom intrigant ?
Alors c’est ma toute première exposition personnelle, où l’on m’a accordé une totale liberté quant aux illustrations à présenter. J’ai donc voulu créer un univers cohérent, entretenir comme un fil rouge sur la narration de l’exposition. J’avais réalisé une illustration il y a quelques mois de cela, une espèce de laboratoire assez minimaliste et fantaisiste où des phénomènes improbables peuvent se réaliser et de cette illustration est né le thème de l’exposition, « Le Laboratoire des Micro-Utopies » où je tente de tisser des liens entre une science un peu farfelue et un imaginaire lyrique et fantasmé. Ces 15 illustrations créées pour l’exposition sont donc 15 récits totalement oniriques, mais jouant avec les codes d’un laboratoire, d’une recherche d’utopies non décisives mais plutôt poétiques.

Tu as réalisé un reportage illustré pour le Pitchfork Festival Paris. Raconte-nous un peu les dessous de cette collaboration…
Oui c’était à l’occasion d’un reportage pour Beware Magazine, je devais illustrer notre parcours durant tout ce festival. J’ai choisi de le dessiner au travers du regard d’un personnage que j’ai imaginé il y a quelques années, Julien Jungle, un espèce d’aventurier des années 50 qui est plutôt habitué à en découdre dans une forêt tropicale que dans la grande halle de la Villette. J’ai donc imaginé Julien Jungle s’aventurant au Pitchfork Festival comme un ethnologue rencontrant une tribu inconnue, il découvrait un dialecte, la flore, la faune, tout est neuf ! J’ai adoré parcourir ce festival avec ce regard, me demander ce qu’un ethnologue des années 50 penserait de tout cela, ça permet de changer totalement notre angle d’approche.

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Peux-tu nous parler de tes travaux en cours et des futurs ?
Je suis dans une phase d’expérimentation ces derniers temps, je viens d’emménager dans un nouvel atelier où je vais pouvoir pratiquer la sérigraphie, essayer de nouvelles techniques. Cet atelier c’est un peu Disneyland pour moi. Sinon je travaille actuellement sur l’identité d’un nouveau bar parisien, c’est un chouette projet qui va de la façade au logo, puis une illustration va sortir dans la revue Errratum en début d’année.

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As-tu pris une bonne résolution que tu comptes vraiment tenir ?
Douter moins, oser plus. C’est un travail gargantuesque mais je suis motivée !

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