Derrière Zim&Zou se cachent Thibault Zimmermann & Lucie Thomas, deux amis fondateurs du studio graphique nancéien spécialisé dans le travail créatif du papier. A quatre mains et deux têtes, ils imaginent des installations et sculptures éclatantes de couleurs et de détails. Ils nous expliquent d’ailleurs ce qu’il se passe en coulisses où règnent la patience et l’ingéniosité.
Hello Zim&Zou! Alors qui es-tu Zim ? Et qui es-tu Zou ?
Je suis Thibault Zimmermann (Zim) et je travaille avec Lucie Thomas alias Zou. Nous nous sommes rencontrés durant nos études en Communication Visuelle (op-tion graphisme, édition et publicité). Nous avons tous les deux 27 ans et nous vivons et travaillons à Nancy. Nous alternons entre projets personnels et commandes de clients ou d’agences de communication.
Depuis quand travaillez-vous ensemble et comment organisez-vous la création des projets à deux têtes et quatre mains ?
Nous travaillons ensemble depuis environ 5 ans et nous avons créé le studio Z&Z il y a 3 ans. Après notre formation nous nous sommes rapidement installés en freelance avant de nous associer et de nous concentrer sur la partie plus artisanale de notre activité. Nous travaillons effectivement toujours à deux têtes et quatre mains car nous réalisons toutes les étapes du projet ensemble, ce qui nous permet de nous équilibrer mutuellement à tous les stades du processus créatif. Il est très important pour nous que l’on ne puisse pas dissocier une partie que l’un ou l’autre aurait réalisée.
Expliquez-nous pourquoi vous vous êtes spécialisés dans les sculptures et installations en papier ?
Nous avions vraiment tous les deux la volonté de nous éloigner de l’ordinateur au profit de la manipulation de toutes sortes de matériaux. Nous avons toujours été des bricoleurs et il se trouve que le papier est un médium très abordable et facile à trouver sous différents aspects. Nous aimons le fait qu’il ait tant de teintes, de grammages, de couleurs, de matières… Cela fait de lui un matériau très adaptable. Et en même temps on trouve que sa fragilité ou son côté éphémère confèrent une certaine poésie à une œuvre.
Et les outils et techniques que vous utilisez ?
Des classiques : cutters, colle, scotch, règles, planches à découper, équerre, compas… Tout le matos d’un élève de 6ème quoi! La technique quant à elle consiste à tracer, découper, coller et installer. Rien de très particulier sauf que nous essayons de pousser ces simples outils un peu plus loin.
Quels sont les avantages et les inconvénients de cette matière première ? Certaines choses sont-elles impossibles à réaliser avec du papier ?
Forcément le papier a beaucoup d’inconvénients comme par exemple le traitement des formes arrondies. Lorsqu’il s’agit de reproduire un objet anguleux et régulier pas de soucis, mais lorsque l’on parle d’une forme organique là c’est tout de suite plus compliqué. C’est pour cela en général que nous avons recours à des surfaces en facettes, à la manière « low poly » en 3D. En théorie tout est faisable en papier si on le considère comme un matériau de sculpture. La question est juste comment interpréter une forme pour parvenir au résultat escompté.
Vous avez créé un super burger en couleurs pour la couverture du magazine Icon. Quelles ont été les différentes étapes pour le finaliser et combien de temps cela a-t-il pris ?
Les étapes dans le cadre d’un projet avec un commanditaire sont assez classiques je pense. Une fois reçu le brief du client, nous définissons plusieurs axes créatifs sous formes de croquis et notes d’intentions. Dans le cas du burger, nous avons été interpellés par la technologie d’impression 3D alimentaire dont traitait l’article. En accord avec Icon, nous nous sommes donc concentrés sur cet axe. Nous avons ensuite développé plus profondément le concept de manière à le préciser au maximum et ne pas avoir à recommencer des pièces, ce qui prend en général énormément de temps… Puis vient la phase de production où l’on dessine les pièces, les découpe, les colle, etc… Pour enfin réaliser l’installation et la photographier. Le burger a demandé 8 jours de travail entre recherches et réalisation.
Vous avez collaboré avec Hermès l’année dernière. Racontez-nous un peu les coulisses de ce projet…
En effet nous avons collaboré avec Hermès l’année dernière dans le cadre de deux projets de vitrines. Nous sommes allés installer une vitrine à Hong Kong, dans leur boutique située dans l’aéroport international et trois autres à Berverly Hills, pour la réouverture de leur boutique sur Rodeo Drive. Les deux projets étaient très différents l’un de l’autre. Le premier était une Jungle abondante de papier peuplée par des animaux en cuir, et les suivantes racontaient l’histoire d’une civilisation futuriste inspirée par la légende d’Atlantis. La vitrine de Hong Kong était une carte blanche, et avoir autant de liberté pour un tel projet est toujours très appréciable
Vous avez également d’autres champs d’intervention comme le design graphique et l’illustration…
Notre métier étant un peu « hybride », nous avons effectivement différentes facettes. Nous sommes à la frontière entre l’illustration, le set design, le graphisme, et certainement d’autres disciplines. Je pense qu’Alain Le Quernec a très bien résumé ce paradoxe : « Mon métier ? Affichiste ? Le mot est démodé. Graphiste ? Trop technique. Artiste ? Trop prétentieux. Publicitaire ? Pas d’insulte, s’il vous plaît. Je ne suis pas sûr qu’il y ait un mot pour définir ce métier. Je ne suis pas sûr que ce métier existe. »
Que faites-vous lorsque vous avez besoin de trouver des nouvelles idées. Avez-vous un “p’tit truc” pour stimuler votre imagination?
Oui, notre truc c’est tout simplement de s’aérer la tête. Au sens propre. Allez se paumer dans la forêt et respirer un peu. Très souvent après une période où nous travaillons beaucoup nous avons besoin de faire un break, et c’est là que les idées reviennent.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Malheureusement nous avons comme souvent des accords de confidentialité. Mais ce que l’on peut vous dire c’est que nous sommes en train de travailler sur une nouvelle campagne pour IBM dont nous allons bientôt diffuser la première partie, et en parallèle nous sommes sur le point d’achever la couverture du magazine Fricote. Avec en trame de fond un nouveau projet personnel
Avec qui ou sur quel type de projet en particulier aimeriez-vous collaborer ?
Dans l’idéal nous souhaiterions continuer à concevoir des vitrines, cela nous permet d’avoir un contact plus direct avec les gens qui voient nos œuvres. Nous aimerions également avoir le temps de faire plus de projets personnels, nous ressentons vraiment le besoin de nous éloigner un temps des commandes pour pouvoir explorer différentes directions et essayer d’évoluer.
Un dernier mot…
Nous aimerions profiter du dernier mot pour remercier les personnes qui nous suivent et nous épaulent depuis quelques années. Sans n’être qu’une formule de politesse, nous sommes profondément reconnaissants pour tout le soutien que nous avons reçu jusqu’à aujourd’hui