Studio de design et d’expérimentations évoluant à la croisée de l’art, des sciences et des technologies, Bold est né de la rencontre entre William Boujon et Julien Benayoun. C’est d’ailleurs ce dernier qui nous éclaire sur les projets actuels et futurs menés
aux quatre coins de la France à travers d’étroites collaborations.
© photos : Yves Chenot / Bold design / Matthieu Barani
Bonjour Julien, pouvez-vous retracer l’histoire du studio et votre rencontre avec William ?
William et moi on s’est rencontrés pendant nos études à l’ESAD de Reims puis nous avons réellement commencé à collaborer sur des projets lors d’un échange aux Pays-Bas. On y suivait notre formation autour de l’architecture, du design produit et du mobilier et on a rapidement voulu explorer différents ateliers et expérimenter comme des électrons libres, et trouvé des complémentarités dans notre approche. Diplômé en 2008, j’ai intégré le bureau de Mathieu Lehanneur pendant que William collaborait avec différents studios en Pologne ou aux Pays-Bas puis dès 2010, on a structuré le studio Bold.
Vous vous définissez comme des designers explorateurs…
Oui c’est ça, c’est Mathias Courtet, le commissaire d’exposition de notre première rétrospective à Mayenne en 2021 qui nous avait présenté comme ça et on a repris ces termes car ils correspondent bien à ce que l’on fait. Comme je le disais précédemment, on a toujours été attirés par les différentes disciplines qui se retrouvent autour du design, par les expérimentations, les explorations autour des matières, des procédés artisanaux, par l’art, les sciences… et on navigue d’un monde à l’autre en fonction des projets, des rencontres.
Quel est le périmètre d’action de Bold ?
Bold est avant tout un studio de design pluridisciplinaire et un laboratoire de recherches sur les technologies numériques, sans oublier l’enseignement, les workshops… qui nous permettent de transmettre et de partager notre savoir-faire. Nous accompagnons les entreprises dans leurs développements produits de la conception à la production. Les projets que nous menons ne sont pas tous liés à l’impression 3d même s’ils représentent une grande partie de l’activité. On a également des projets de mobilier et d’objets plus classiques avec des artisans ou manufactures comme le Canapé et le Fauteuil Camif Edition conçus avec Mousse du Nord à Lille ou la suspension Kaolin en porcelaine développée avec Kataba.
Comment travaillez-vous à deux ?
Aujourd’hui, je suis installé dans la Drôme et William est toujours à Paris. On a décidé il y a quelques temps de ne plus avoir de bureau dédié à notre activité mais plutôt de s’organiser en fonction des besoins et des projets. Nous collaborons régulièrement avec d’autres designers, artistes, artisans et structures comme le VIA, le 8FabLab, Hors studio, le MIT Media Lab, le DesignSpot… à travers la France et à l’étranger. William explore davantage la partie technique et les phases de développement des projets, quant à moi je suis plus tourné vers la dimension conceptuelle et narrative des objets. Cela permet d’échanger sur les différents angles de chacun et de nourrir en permanence les échanges autour d’un projet. Notre complémentarité est évidemment primordiale dans ce mode de fonctionnement. Bold s’est considérablement développé à travers les collaborations avec d’autres personnes et structures. On aime l’idée de se retrouver à plusieurs autour d’un projet créatif et de le mener à bien ensemble en associant les expertises et savoir-faire.
Bold s’est très tôt intéressé à l’impression 3D…
Notre rencontre avec l’impression 3D s’est produite un peu par hasard finalement. C’était en 2015 et cette technologie était assez méconnue à l’époque. Nous avons accompagné une startup sur le design et la conception de leurs nouvelles imprimantes 3D à dépôt de fil. Puis de fil en aiguille, nous en sommes devenus les béta testeurs. On avait installé un prototype au studio qui nous a permis d’explorer les différentes possibilités de la machine et de s’approprier l’outil au fil du temps. Puis on a noué une première collaboration avec Habitat Design Lab sur la création de petits objets simples, désirables et personnalisables, imprimables en quelques dizaines de minutes. On a aussi collaboré avec Le Laboratoire et MIT Media Lab sur Vocal Vibrations, un projet d’installation autour de la relation entre les vibrations sonores stimulées par la voix et leurs effets sur la physiologie humaine pour lequel nous avons énormément prototypé en 3D pour créer un objet en porcelaine baptisé L’Orb.
Quels sont les atouts de cet outil en matière de conception et de durabilité ?
Il est vrai que les techniques d’impression 3D évoluent très vite, les possibilités sont multiples, voire infinies. Au fil de nos collaborations, on s’est rendu compte que l’on pouvait explorer différents champs de création grâce à cet outil et également valoriser des matériaux dans une démarche plus respectueuse socialement et environnementalement. Aujourd’hui, on peut imaginer des produits d’excellente qualité à des tarifs intéressants. Notre collection de luminaires Colonnade réalisée avec la Quincaillerie Moderne est un très bon exemple de technicité autour de la création des différentes bases pour lesquelles on a utilisé du PLA recyclé.
Pouvez-vous nous parler un peu de la collaboration avec Pierre & Vacances…
Ce projet s’inscrit dans la démarche environnementale initiée par Pierre & vacances qui nous a demandé d’imaginer une table éco-conçue 100% française, durable, modulable et pouvant être réparée facilement. En collaboration avec le French Design et Merci René, expert en design circulaire, on a développé un système baptisé Napée fabriqué à partir de matériaux réemployés et dont les éléments peuvent être remplacés si besoin. Il s’agit d’une super collaboration qui se poursuit d’ailleurs avec un élargissement de la gamme.
Utilisez-vous l’IA dans votre travail quotidien ?
L’intelligence artificielle n’a pas encore été véritablement intégrée dans le processus de travail du studio mais on s’y intéresse bien évidemment, le sujet étant incontournable aujourd’hui. A vrai dire, on l’utilise davantage comme une sorte d’assistant personnel à qui on parle pour mieux lui faire connaitre notre activité. On va dire que l’on se positionne tranquillement et on verra bien comme nt cela va évoluer prochainement au sein de l’agence.
Quels sont vos projets actuels et futurs ?
On a pas mal de projets en cours avec déjà la poursuite des collaborations avec Pierre & Vacances et la Quincaillerie Moderne. En ce moment, nous travaillons à la conception d’un atelier et d’installations artistiques pour enfants avec l’Atelier Baudelaire à partir de modules pédagogiques allant de l’échelle de la main à celle de la micro-architecture. On collabore également avec un ingénieur mécanique sur un projet assez atypique de machine à fabriquer des chips. Pour la partie plus artisanale, nous collaborons avec un maître vannier mexicain, faisant suite à une résidence de création à l’invitation de l’Institut Français et du Mobilier National.
