Designer autodidacte et créateur de pièces sculpturales pour le moins étonnantes, Axel Chay s’affirme par son profil atypique et son style singulier. Fonctionnant en autoédition, ce marseillais d’adoption, entouré de son frère spécialiste de l’aluminium et de l’acier, jouit d’une immense liberté dans sa pratique du design. Et il nous explique tout ça, en toute décontraction.
Bonjour Axel, ton parcours en quelques mots ? Tu n’as pas suivi de formation spécifique…
Effectivement, je n’ai suivi aucune formation de design ou d’architecture. Je suis passé par une école de commerce et obtenu un MBA donc mon parcours ne correspond pas vraiment à mon activité d’aujourd’hui même s’il m’aide dans certains aspects du métier. Je me suis lancé dans la conception de meubles et d’objets par pur plaisir en réalité avec mon ami Marouane Sadki. On avait simplement envie de créer des objets hybrides qui nous ressemblaient et qu’on ne trouvait pas forcément ailleurs.
Tu as créé Nova Obiecta avec Marouane Sadki…
On a créé la maison d’édition Nova Obiecta ensemble, en 2013, pour faire connaître et commercialiser nos créations. On a toujours fonctionné au feeling, à l’instinct, sans trop se poser de questions tout en s’inscrivant dans une démarche artistique. Nos pièces étaient commercialisées par des galeries principalement ou lors de salons. Au fur et à mesure, Marouane a souhaité s’en détacher et j’ai donc décidé de poursuivre seul. J’ai ensuite rencontré Anne Carpentier, une galeriste qui m’a aidé à faire connaître mon travail via une première exposition. Après huit années avec Nova Obiecta, j’officie aujourd’hui seul sous mon propre nom Axel Chay.
Aujourd’hui, tu travailles seul (avec ton frère) … Pas d’éditeurs à tes côtés ?
Pas encore, mais des projets d’édition sont en cours. Je travaille maintenant depuis deux ans avec mon frère. J’imagine, je dessine et ensuite il fabrique, je reprends la main pour l’électrification des lampes, l’emballage et les expéditions. Notre famille a une entreprise de charpente métallique, mon frère travaille l’acier et l’aluminium, il se consacre donc à plein temps à cette activité à mes côtés.
Rythme de création, fabrication en France, commercialisation… Comment tu procèdes ?
Je n’ai aucun rythme particulier de création, je continue de fonctionner à l’instinct avec une très grande liberté dans la pratique. J’aime faire ce qui me plait sans m’inscrire dans les tendances du mobilier et en m’affranchissant des contraintes. J’ai la chance de pouvoir réaliser des prototypes directement avec mon frère sans passer par une usine, cela me permet de réduire considérablement les coûts. Tous les produits sont donc fabriqués en France et quant à la commercialisation, j’essaie de rester dans la démarche d’autoédition, tout se fait très naturellement à vrai dire avec le bouche-à-oreille, les galeries mais je n’oublie pas Made In Design également qui m’assure une superbe visibilité notamment avec la communication et les RP. C’est une partie évidemment très importante du travail et depuis Nova Obiecta je connais de mieux en mieux le marché et son fonctionnement.
Tes créations sont sculpturales. On a l’impression que ce sont davantage des objets d’art imaginés avec beaucoup de liberté…
Je ne m’impose aucune limite dans la conception des pièces, mon mode de fonctionnement me permet de conserver une très grande liberté, ça fait partie de mon identité et de mon savoir-faire depuis toujours. J’ai simplement envie d’imaginer des pièces qui me plaisent et visiblement elles plaisent aussi à ceux qui les achètent. J’essaie de concevoir des objets qui sortent un peu de l’ordinaire avec une certaine forme d’abstraction et des couleurs qui attirent tout de suite le regard.
Quels types de matériaux utilises-tu ?
J’utilise principalement de l’acier et de l’aluminium pour mes objets étant donné que ma famille sait travailler ces matériaux depuis longtemps, j’apprécie particulièrement le rendu assez brut. Je travaille des tubes en acier thermolaqué comme sur le fauteuil PARA(D) ou le lampadaire Modulation. L’idée c’est d’expérimenter et s’amuser sans contraintes de temps ni de budget même s’il faut rester cohérent. Il y a aussi le bois et la tapisserie puisque je collabore avec un menuisier et un tapissier qui sont à proximité de chez moi. A l’avenir, je pense que je vais diversifier les matières, j’ai d’ailleurs un projet autour de la pierre.
Tu produis à chaque fois des séries limitées ?
Il ne s’agit pas vraiment de séries limitées, la plupart des objets sont en série ouverte, mais chaque pièce est unique de par son mode de fabrication.
Tu travailles aussi sur des projets d’aménagement intérieur….
Oui et c’est une activité que j’aimerais développer davantage en collaboration avec des architectes par exemple. J’ai déjà collaboré sur des aménagements de restaurants, en apportant du conseil sur les couleurs, les objets et le mobilier. J’aime penser des pièces (mobilier ou luminaires) sur-mesure qui viennent s’adapter à un lieu en particulier.
Aujourd’hui, tu vis à Marseille. Dans quelle mesure ton travail s’inspire de Marseille et de la Méditerranée ?
Évidemment je suis inspiré de manière inconsciente par cette ville en perpétuel mouvement. Je pourrais dire que ce sont les couleurs, la mer… mais en fait ce que j’aime ici ce sont les gens, les rencontres, l’identité si particulière de Marseille, sa mixité, son style de vie… et ça se ressent forcément dans mes créations sans pouvoir l’expliquer précisément.
Une pièce que tu rêverais de créer ?
Je m’autorise tous les types de projets tant que j’y prends du plaisir. J’aimerais par exemple me faire surprendre avec une commande de pièces extravagantes ou l’aménagement d’un hôtel, ça serait vraiment cool de collaborer sur ce type de projets. On verra bien, tout arrive naturellement, chaque chose en son temps.
Quels sont tes projets pour la fin d’année et 2022 ? Une exposition ?
Pas mal de nouveaux projets sont en cours, je suis en train de concevoir des fauteuils que l’on pourra assembler pour former un canapé, des nouveaux luminaires, une table autour de la pierre. D’ici la fin de l’année je prépare un shooting des nouvelles pièces et des collaborations avec des galeries et des éditeurs en Europe et aux USA.