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NICOLAS BARROME Interview

Membre des collectifs Jeanclode et Jeanspezial, l’illustrateur français Nicolas Barrome s’inspire de ses souvenirs d’enfance, de la peinture classique et contemporaine et de la science-fiction pour façonner des visuels riches en détails et en textures.

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Parle nous un peu de tes débuts d’illustrateur… Tu dessinais beaucoup sur les tables à l’école ? Et sur des copies doubles aussi ?
Pour être franc, au début de ma scolarité je ne me voyais vraiment pas faire ce métier. Je ne savais pas vraiment quoi faire d’ailleurs. Depuis tout petit j’aimais «bricoler», découper des trucs, les recoller, recopier des dessins que j’aimais bien, etc. Et pour mon âge, je n’étais pas maladroit mais ce n’était pas dingue pour autant. Après un BAC ES mention élève normal ni bon ni mauvais et une année sabbatique en école de commerce, je ne savais pas quoi faire mais j’étais très bon en dessin sur copie double et je faisais bien rire tous mes potes. Les beaux-arts m’inquiétaient et ne me semblaient pas assez cadrés donc je me suis lancé dans des études d’arts appliqués ! En 5 ans, j’ai rencontré petit à petit tous mes amis avec lesquels j’allais créer les collectifs Jeanspezial et Jeanclode. Nous avons très vite attaché beaucoup d’importance à développer notre propre univers, à faire nos premiers petits boulots d’illustrateurs et à la fin de nos études, nous avons décidé de nous lancer en indépendants. Ça fait maintenant 12 ans que je bosse à la fois avec mes collectifs et en solo en tant qu’illustrateur tout terrain ! Tout terrain parce que j’ai toujours avancé en favorisant la diversité des projets, des supports, des techniques, etc. J’aime autant travailler à la main que sur mon ordinateur, en petit format ou sur des grands murs, pour de la pub, de la presse ou une exposition, faire des motifs pour des vêtements ou illustrer un livre pour enfants. C’est ce que j’adore dans ce métier !

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D’où vient cette attirance pour les créatures en tous genres ?
J’aime beaucoup replacer mes souvenirs d’enfance dans mes images et déjà tout petit, j’étais beaucoup plus intéressé par les monstres, les Martiens que par les voitures.
Je me fichais complètement des bolides de courses ou des motos. Moi, ce que je voulais c’était regarder Goldorak, Dragonball Z, les premiers Star Wars, etc. Ma mère tenait un vidéo club donc je passais des heures à regarder un max de dessins animés et des films de genre. À 37 ans j’aime toujours autant cette culture, je suis incollable en cinéma de science-fiction, j’ai vu un nombre incalculable de films d’horreur.
Je regarde volontiers un épisode de Bob l’éponge et je me laisse toujours tenter par un bon jeu vidéo … Voilà d’où me vient cette attirance pour les créatures.

« Chiens qui louchent, poils et glaces trois boules »… tu nous expliques ?
Alors ça c’est le slogan qu’on peut lire quand on arrive sur mon site. Ça ne résume pas tout mon travail mais ce sont tout de même des points importants. Explications point par point :
– Chiens qui louchent : C’est surtout un chien en particulier, le berger allemand. Il fait partie de mes personnages préférés ! Pour la petite histoire, mes parents en avaient un quand je suis né et il a failli me croquer (pour ne pas dire manger) par jalousie. En plus, je garde un souvenir assez étrange de l’émission 30 millions d’amis et plus particulièrement des reportages sur Mabrouk, le berger allemand le plus populaire de France. Les gens l’adoraient et avaient l’impression qu’il était super intelligent… à vérifier. Du coup, maintenant j’adore dessiner ce berger allemand, le rentre ridicule et à moitié débile, le couper en morceaux, lui ouvrir la tête pour montrer qu’il n’y a rien dedans, etc.
– Poils : j’ai vraiment «trouvé mon truc» quand j’ai commencé à dessiner des animaux et des monstres à fourrures. J’adorais passer des heures à bosser les textures, à dessiner chaque poil pour que le résultat soit le plus réaliste possible. Petit à petit, j’ai appliqué ce niveau de détail à tout le reste et je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais faire. Que ce soit en noir et blanc, en couleur, en grand ou en petit, j’avais envie de faire des images minutieuses, détaillées avec des dégradés et des textures en tous genres.
– Glace trois boules : La nourriture est une de mes autres passions dans la vie ! J’adore manger, passer du temps à table, j’ai été élevé comme ça. Du coup, la nourriture est extrêmement présente dans mes images et mon univers. J’humanise énormément d’aliments, comme les biscuits, les glaces, les légumes etc …. ou parfois on les retrouve dans mes décors! C’est aussi une manière d’injecter un peu de mon enfance dans mes images, je le fais beaucoup. Alors pourquoi une glace trois boules, vous avez vraiment besoin que je réponde ? Parce que j’en ai mangé des tonnes !

Tes influences regroupent à la fois les grands classiques de la peinture et la culture contemporaine…
C’est exactement ça. Vous l’avez compris, je m’inspire énormément des dessins animés de mon enfance, du cinéma de genre, des jeux vidéo, des paquets de céréales …. Mais j’ai aussi été beaucoup influencé par la peinture classique et certains artistes. J’ai toujours beaucoup aimé les natures mortes et c’est quelque chose qu’on peut facilement retrouver dans ma manière de composer les images. D’une manière générale, la façon dont je traite les lumières, la mise en volume des personnages et divers objets me vient plus de la peinture classique. J’ai été particulièrement marqué par la peinture de Dali. Au-delà de sa technique, c’est surtout son univers et l’ambiance qui se dégage de ses peintures qui me touchent. C’est exactement ce que j’essaie de recréer sur certaines de mes images, instaurer une ambiance étrange, un univers ultra reconnaissable et finalement, je crois que la technique est secondaire pour moi.

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Décris-nous ta boite à outils, tes techniques, les supports que tu privilégies… Tu utilises les outils numériques ?
Ma boîte à outils est très variée pour le coup. J’aime beaucoup travailler en numérique sur mon ordinateur et dans ce cas, j’utilise une tablette Wacom Cintiq, c’est le meilleur outil du monde ! Ensuite, en traditionnel c’est beaucoup plus varié. Je peux utiliser de simples feutres microns noirs, de l’acrylique, des encres de couleur, des bombes aérosols, des feutres Posca… Ça dépend de mes envies et du support sur lequel j’ai envie de travailler. Je n’ai pas de préférence entre le travail numérique ou traditionnel, ce sont deux choses vraiment différentes, les contraintes ne sont pas du tout les mêmes et c’est important de passer régulièrement de l’un à l’autre pour éviter de tourner en rond. Mais j’affectionne particulièrement le travail en grand format sur mur. Je peins de moins en moins faute de temps mais à chaque fois j’y prends beaucoup de plaisir !

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Tu peux nous parler de ton collectif Jeanspezial ?
Jeanspezial c’est avant tout un collectif de copains ! On s’est tous rencontrés pendant nos études et au départ on était surtout liés par les soirées et les peintures en terrain. On abordait le collectif comme une sorte de laboratoire, c’était parfait pour expérimenter un maximum de techniques. Chacun d’entre nous avait son domaine de prédilection et pouvait embarquer les autres dans son univers, c’était très enrichissant et surtout très confortable de travailler à plusieurs. On a tous commencé à diffuser nos travaux sur internet avec le nom du collectif, on aimait beaucoup faire croire que Jeanspezial était une seule personne, ultra prolifique et capable et faire des illus, des murs, de la typo, de la sculpture, etc. Et ça a marché pendant un bon moment. Jusqu’à ce qu’on fasse nos premières expos. Le collectif existe depuis 11 ans maintenant et même si nous travaillons moins souvent ensemble et qu’il est plus difficile de tous nous rassembler, nous sommes toujours amis !

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Et il y a eu aussi les JeanClode qui collaborait avec des agences de pub ?
Dans Jeanclode il y a le Jean de Jeanspezial et nous sommes 3 personnes, Sébastien Touache, Mathieu Julien (qui bosse aussi dans le collectif Modern Jazz sous le nom Xulf) et moi-même. Sur le papier, notre trio existe depuis plus longtemps que Jeanspezial mais nous avons mis un peu de temps avant d’officialiser notre collaboration. Nous avions envie de nous confronter à des travaux de commandes, de bosser avec des agences de pub, en presse, etc. Nous avons commencé à démarcher comme des fous et avons assez rapidement gagné nos premiers projets, c’était très excitant ! Depuis nous sommes représentés par les agences Lezilus en France et Pocke en Angleterre, nous avons travaillé sur un grand nombre de projets et ça nous plait toujours autant. Beaucoup pensent que ce n’est pas noble de bosser en pub, nous avons toujours considéré que c’était très enrichissant, que ça nous apprenait à être réactifs face aux contraintes, à être efficaces et ça nous a permis de travailler sur tellement de thèmes que nous n’aurions jamais abordés… Quelque part je pense que ça enrichit même notre travail personnel. Le trio existe depuis 10 ans et nous sommes toujours aussi actifs et complémentaires ! La différence est que maintenant, nous consacrons aussi pas mal de temps à développer nos univers personnels, c’est très important !

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Tu peins aussi avec Amandine Urruty… Vos styles sont assez complémentaires…
J’ai rencontré Amandine il y a 6 ans, elle n’avait jamais fait de peinture sur mur et je lui ai très vite proposé de m’accompagner, sans savoir que nos univers allaient aussi bien se mélanger ! Depuis nous avons eu l’occasion de peindre quelques très grands murs pour des festivals en France et à l’étranger, c’est ce que nous aimons le plus faire ensemble.

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Que prépares-tu en ce moment ?
J’ai terminé un livre jeunesse il y a 2 mois et il vient tout juste de sortir, chez Les éditions Fourmis Rouges ! Il s’appelle «On débarque» et raconte l’histoire de Martiens, un tantinet débilos, qui visitent la Terre, le tout dans un traité que j’aime particulièrement, l’illustration sur photo. L’histoire a été écrite par Sophie Régnier et Benoît Florençon m’a aidé pour les prises de vue ! En parallèle et parce qu’un simple livre n’était pas suffisant, nous avons réalisé une application en collaboration avec l’agence MNSTR, téléchargeable sur tous les téléphones et qui propose une seconde lecture du livre en réalité augmentée ! C’est un projet qui me tenait vraiment à cœur et nous sommes en train d’en faire la promo, entre le lancement, les dédicaces et le salon du livre jeunesse de Montreuil.
J’ai aussi participé à un projet très atypique et excitant : Spoon, un jeu vidéo en réalité virtuelle. La Générale de Production et Tatiana Vilela Dos Santos sont à l’initiative de ce projet et nous étions en tout 8 personnes à participer à l’aventure, chaque membre ayant des compétences bien précises ! Nous avons pour le moment réalisé un prototype jouable de 15 minutes et je me suis chargé de la direction artistique. J’espère pouvoir vous le montrer un jour, ça voudra dire que nous aurons trouvé un financement suffisant pour développer le jeu entier.
En parallèle, je travaille sur des projets pub et des collaborations avec des marques en solo ou avec les Jeanclode et je prendrai du temps début 2018 pour me concentrer sur des travaux plus personnels.

https://www.instagram.com/nicolas.barrome.forgues/?hl=fr

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