Créateur de la Grande Arche de la Défense aux portes de Paris et des plans de l’aéroport de Roissy qui ont fait de lui l’architecte des aérogares aux quatre coins du monde, le Français Paul Andreu a connu une carrière pour le moins prolifique. Disparu en octobre dernier, il a laissé sa signature dans le paysage architectural hexagonal et mondial. Portrait.
Né en 1938 à Caudéran, en Gironde, Paul Andreu rentre à l’école Polytechnique, puis étudie en parallèle aux Ponts et Chaussées et à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. L’architecture s’impose alors comme le compromis parfait entre ses aspirations artistiques et son bagage scientifique. La discipline devient alors rapidement une passion qui fera de Paul Andreu un acharné de travail, chaque année de ses 50 ans de carrière verra naître un projet ou un chantier.
Reconnu à travers le monde, il a reçu de nombreux prix et distinctions. Parmi les plus prestigieux, le Grand prix national d’architecture en 1977, le Grand prix Florence GouId de l’Académie des Beaux-Arts en 1989. En 1996, il est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts et, en 2006, il reçoit la plus haute distinction triennale de l’Académie d’Architecture : le Grand Prix du Globe de Cristal, succédant au grand Oscar Niemeyer. Il reçoit également en 2015 la Grand-Croix de l’ordre national du Mérite.
J’avais toujours rêvé de créer un grand bâtiment culturel, de rentrer enfin en ville. Ce fut cette capitale à laquelle je n’aurais jamais pensé, car la Chine restait une sorte de mirage pour moi
Mais son aura, il la doit aux nombreux projets qu’il a réalisés avec toujours le même leitmotiv : « Chaque fois que je pense un projet, je ne crée pas une boîte pour y organiser du mouvement, mais je conçois les murs en fonction du mouvement que les gens effectueront à l’intérieur. » Il imagine alors, à seulement 29 ans, le terminal 1 de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il y dessine une architecture totalement novatrice pour l’époque en créant une masse ronde de béton avec des tubes de circulation imbriqués au centre. Sa carrière est lancée ! Il concevra ensuite tous les autres terminaux de l’aéroport de Roissy au gré de ses extensions, ainsi que son complexe central mêlant gare ferroviaire et résidence hôtelière. Parmi ses autres projets majeurs, il y a évidemment la Grande Arche de la Défense, mais également les aéroports d’Abou Dabi, de Jakarta, de Nice ou de Bordeaux, le terminal français du tunnel sous la Manche et bien d’autres en Chine où il signera une trentaine d’édifices, au Japon, en Grèce, en Belgique… En 2007, il signe le Grand Théâtre national de Pékin en Chine, bulle futuriste de titane et de verre posée juste à côté des colonnades staliniennes du Palais du peuple. Il dira alors : « J’avais toujours rêvé de créer un grand bâtiment culturel, de rentrer enfin en ville. Ce fut cette capitale à laquelle je n’aurais jamais pensé, car la Chine restait une sorte de mirage pour moi ». Souvent catalogué de spécialiste des installation aéroportuaires, il a cependant planché sur des bâtiments dont la destination est multiple : logements, bureaux, boutiques, stades, chaix de cognac, centres administratifs ou municipaux, musées…
Architecte et ingénieur, il était également peintre et écrivain, produisant des toiles aux couleurs sobres inspirées par l’Asie, et des romans ou des essais traitant de l’architecture, de l’amour ou de la solitude entre autres. D’une énergie hors norme quel que soit son projet créatif, ce talentueux touche-à-tout est un modèle à suivre pour les jeunes générations d’architectes auxquelles il s’est adressé directement dans deux ouvrages. Il aura en tout cas, assurément marqué l’histoire de l’architecture…