ou l’invention de l’Art de vivre
De la passion il en faut pour aller au bout de ses rêves, au bout du long chemin qui mène aux cimes des Alpes. Du bons sens aussi, indispensable pour gravir ces montagnes. Ce combo Charlotte Perriand l’applique dès les premiers projets personnels et ce, durant presque un siècle de création.
L’équipement de son appartement-atelier à Saint Sulpice en 1927, les refuges Bivouac et Tonneau dans les années 1930, la Maison au bord de l’eau en 1935, sont le début d’une multitude d’inventions au service d’un nouvel art de vivre. L’héritage invisible fabrique encore nos espaces contemporains. Son architecture c’est la passion pour l’art d’habiter, quel que soit le programme, pour l’art d’occuper l’espace et la nature environnante. Elle écrit que «rien n’est dissociable, ni le corps de l’esprit, ni l’homme du monde qui l’entoure, ni la terre du ciel».
Dès 1927, ce qu’on pourrait appeler de l’audace pour l’époque, elle révolutionne les espaces à habiter. Elle ouvre la cuisine sur le séjour, la salle de bains sur la chambre. Elle libère l’espace dans l’intention de libérer les occupants des cloisonnements des intérieurs classiques trop exigus.
Charlotte Perriand est née avec le XXe siècle, «un beau matin d’automne», le 24 octobre 1903 à Paris. Sa mère, couturière, était d’origine Bourguignonne et son père, tailleur, d’origine Savoyarde. Ses parents lui ont transmis l’amour de la nature, des traditions et de la liberté. Elle entre à l’école de l’Union centrale des arts décoratifs en 1920 avec comme professeurs, le décorateur et architecte Henri Rapin, et Maurice Dufresne président du Salon des artistes décorateurs et directeur artistique de la maîtrise aux Galeries Lafayette.