LC CHP Bar sous toit 1928 scaled CAROLINE KARENINE

Charlotte PERRIAND

Le geste et la fonction engendrent la forme

Avec la table en forme de 1936 et le bureau boomerang de 1937, Charlotte Perriand, avec une conscience ergonomique et du génie, donne une forme au besoin. Le besoin dicte la fonction et sa forme. Les pans coupés ou le boomerang permettent des fonctions modulables, résultat de l’analyse des gestes, et la forme une convivialité dans l’espace. La modularité des fonctions et la rationalité des équipements, sont sa réponse aux nouveaux programmes de l’architecture : la réduction des espaces habitables, l’architecture de loisir ou de la Reconstruction, l’économie d’espaces et de moyens. Cloisons coulissantes, lits escamotables, meubles cloisons, escaliers-rangements, tous ces éléments sont traités de la même manière, celle de répondre le plus justement possible aux gestes et besoins de l’usager. Quel que soit l’espace, elle compose toujours avec le même vocabulaire, celui de la fonctionnalité.

62548 charlotte perriandbibliothequedemaisondelatunisie1952 original CAROLINE KARENINE
Perriand Charlotte (1903-1999). Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle. AM1992-1-67.

Une femme engagée

Charlotte Perriand débute sa carrière dans l’entre-deux guerres, époque de désordre politique et social. Tout est à construire ou reconstruire. Tout est à inventer pour améliorer la vie des hommes et des femmes certes, mais c’est surtout pour son engagement social qu’on lui reconnait aujourd’hui des qualités d’architecte et non plus seulement de designer. En politique comme en architecture et en art, elle affirme des convictions humaines. Son combat, elle le mène avec force. Laissant une image profondément féministe et engagée, on lui retient une architecture parfaitement fonctionnelle destinée au plus grand nombre. Des écoles à l’habitat de loisir de masse, elle adapte des formules, différentes selon les programmes, afin de servir l’usager, de transmettre des savoir-faire et son Art de vivre.
De son expérience de conseillère au Japon dans les années 1940, au Brésil dans les années 1960 ou encore d’enseignante à l’école des Beaux-Arts de Besançon dans les années 1980, elle s’attache à transmettre ses connaissances et son bon sens de l’espace. Elle œuvre pour permettre aux futurs créateurs et architectes de mieux répondre aux besoins de l’usager. La pédagogie, qu’elle reconnait à l’origine de la qualité chez ces futurs créateurs et artisans, fait partie de son engagement.
La presse joue également un rôle important dans la transmission, en témoignent les manifestes qu’elle publie dans la revue l’Architecture d’aujourd’hui pendant plus de 30 ans. Les expositions nombreuses et dites aussi manifestes, l’édition du mobilier sur catalogue, sont la synthèse des recherches d’un art de vivre. L’image, publiée ou exposée contribue à une large diffusion d’une nouvelle manière d’habiter. Donner l’accessibilité à tous de composer son équipement grâce à un catalogue et mode d’emploi, ouvre la voie à une industrialisation dont nous sommes tous usagers encore à notre époque.

CAROLINE KARENINE
0006 LV 13 12 02 Miami Ch Perriand CAROLINE KARENINE

L’habitat minimum

Tous les projets de Charlotte Perriand ont en commun cette conscience de l’homme dans l’espace. L’étude de l’essentiel de ses gestes lui ont inspiré des espaces minimums et des équipements, sorte de gamme musicale, pour assembler des outils dans une machine à habiter, pour créer une symphonie dans un espace habitable. Nombreux et divers sont les projets d’habitat minimum dans sa vie de création : la cellule de 14m2 avec Le Corbusier en 1928-1929, les refuges de haute montagne avec Pierre Jeanneret en 1937, la maison au bord de l’eau et le Tritrianon dans les années 1930, son chalet à Méribel en 1961, ou encore les stations des Arcs de 1967 à 1987. Elle répond toujours aux contraintes architecturales par une étude d’espace minimum, contenant les besoins d’un occupant, en prenant toujours soin de son bien-être et de l’harmonie de son habitat dans son environnement. La normalisation des créations de Charlotte Perriand n’enlève rien à son génie créateur, ni à l’esthétisme qui lui est propre. Aujourd’hui on regarde son œuvre en embrassant un siècle, lui reconnaissant l’éternelle modernité tant elle est évidente.

arcinterieur 6 CAROLINE KARENINE
charlotte perriand inventing a new world fondation louis vuitton paris exhibition replicas marc domage dezeen 2364 sq a 1472x1472 1 CAROLINE KARENINE
0020 LV 13 12 02 Miami Ch Perriand CAROLINE KARENINE
Total
0
Shares
Précédent
OPERAGRAPHIKS
terrain clichy opera 01 scaled CAROLINE KARENINE

OPERAGRAPHIKS

Qui sont-ils et quels sont leurs différents types de demandes?

Suivant
HISPANO-SUIZA Dubonnet XENIA
1938 Hispano Suiza Dubonnet Xenia overhead rear 1 CAROLINE KARENINE

HISPANO-SUIZA Dubonnet XENIA

La réunion des mondes de l’aéronautique et de l’automobile offre parfois de

Vous aimerez aussi

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page