Architecte décorateur, le havrais Marcel Gascoin a révolutionné les intérieurs français d’après-guerre. Un design épuré, des lignes modernes pour l’époque, et une approche de pionnier français dans l’industrialisation du mobilier ont fait sa renommée. Petit retour sur une carrière inédite.
© photographie cover : Galerie Pradier-Jeauneau
Né en 1907 au Havre, Marcel Gascoin suit des études d’ébéniste avec option «maistrance» l’amenant à se spécialiser dans le mobilier de marine. Très doué en dessin, il fait l’admiration de ses professeurs qui l’encouragent ensuite à étudier à l’école des Arts Décos de Paris d’où il sort diplômé en 1930.
Dès la fin de son cursus, il s’oriente dans la construction de meubles modernes et l’agencement d’intérieurs. Son design est épuré et l’industrialisation du mobilier lui permet de fabriquer en série dans des ateliers français. Pour ces créations, il donne alors une grande importance à l’optimisation des espaces et à la modularité en couplant rationalité et confort pour les futurs usagers affirmant au passage « il faut adapter le contenant au contenu ».
Un travail repéré dès ses débuts par Robert Mallet-Stevens, et qui lui permet d’exposer ses meubles lors de la première exposition de l’UAM (Union des artistes modernes) qui incarne la modernité française. En 1934, il participe au concours pour une Cabine de bateau organisé par l’office des techniques d’utilisation de l’acier (OTUA), en collaboration avec Jean Prouvé, ainsi qu’on Salon des arts ménagers de 1938.
Selon Gascoin, il faut réorganiser la distribution intérieure des appartements, créer des éléments modulaires, inventer un système de rangement intégré à l’architecture. Une démarche libérale et humaniste dans un secteur cloisonné qui lui permettra d’appliquer ses concepts dans sa ville natale lors de la reconstruction de la nouvelle ville de l’architecte Auguste Perret.
Priorité dans la manière d’appréhender les intérieurs, « l’Utile » se traduit par des pièces d’une inventivité folle pour faciliter le quotidien dans des habitats modernes aux superficies de plus en plus petites. Il imagine alors de nouvelles pièces de mobilier, et avec, un nouveau vocabulaire du design fait de cloisons modulables, de caisson de rangements, d’éléments étagères, de banquettes-lits…
De ses études d’ébéniste de marine, il tire des idées ingénieuses de rationalité et d’utilisation du moindre espace et il emploie bien évidemment le bois qu’il sublimera sur l’ensemble de ses créations, comme pour le tabouret trèfle (1949), ou encore ses étagères murales en chêne blond (1951).
Professeur aux Arts Déco à Paris, il a enseigné à la génération suivante, comptant par exemple Pierre Paulin parmi ses élèves, et inspirant nombre de designers contemporains. Il s’éteindra en 1986 après une vie de création tournée vers la volonté de proposer des pièces accessibles au plus grand nombre.
FOCUS PRODUIT
Le tabouret TREFLE
Avec son piètement et son assise en chêne massif ciré, le tabouret Trèfle est aujourd’hui iconique. Imaginé pour la colonie de vacances du Home Varaville située dans le Calvados réaménagée en 1949 par Marcel Gascoin et Guy Lagneau, il sera par la suite présenté par le designer au Salon des arts ménagers de 1958. Il est aujourd’hui édité par Gubi et un exemplaire est actuellement conservé dans les collections du MAD à Paris.
https://gubi.com/en/at/designers/marcel-gascoin
https://www.instagram.com/pradierjeauneau/