Dix ans après notre première entrevue, on a voulu prendre des nouvelles du designer belge Alain Gilles. Sa récente collaboration avec RBC et Bonaldo pour l’installation « Matérialité & Fragilité » fut une excellente occasion de lui poser quelques questions sur son parcours depuis 2012, ses rencontres et ses projets actuels et futurs.
Bonjour Alain, comment allez-vous depuis notre dernière entrevue il y a dix ans ?
Ça ne nous rajeunit pas tout ça ! Tout va très bien merci avec dix ans de plus (rires). En tout cas merci de me solliciter à nouveau pour le magazine, je suis vraiment ravi de pouvoir répondre à vos questions.
A cette époque, vous veniez d’être élu Designer of The Year. Aujourd’hui, avec du recul, qu’est-ce que ce titre vous a apporté concrètement ?
Quand j’ai reçu ce prix, il n’y pas eu de changement immédiat je dirais mis à part une médiatisation plus importante. Il est vrai que j’ai passé pas mal de temps à répondre à la presse durant les premiers mois ce qui était un peu nouveau pour moi. Puis au fil du temps, cette récompense m’a apporté davantage de crédibilité et a en quelque sorte rassuré les marques et éditeurs avec lesquels je travaillais. Évidemment, ce fut un plaisir d’être nommé Designer de l’Année surtout pour moi qui me suis « reconverti » dans le design sur le tard. Nombre de rencontres sont nées par la suite et finalement c’est le plus appréciable.
MODULAR EXTRUDED
suspension
MINIFORMS BARRY
Table tonde
Pas mal de choses ont dû évoluer dans votre pratique… même si je suppose que vous êtes toujours focalisé sur le côté architectural et la force graphique de vos créations…
Ma pratique du design a toujours été centrée sur la force graphique des objets, leur expression et leur perception dans l’espace. Cela n’a pas changé effectivement même si évidemment les types de projets sont aujourd’hui plus variés. Ce sont surtout les rencontres qui me permettent d’imaginer des produits différents. Au départ, les tables étaient très présentes dans mon travail puis il y a eu des luminaires et d’autres objets du quotidien.
Vous avez d’ailleurs travaillé sur une collection de chaussures l’année dernière….
Oui tout à fait, c’était la première fois que je me penchais sur des chaussures. Cette collaboration avec Fratelli Rossetti s’est nouée à l’occasion de la Foire de Milan, la marque souhaitait apporter un regard extérieur sur la conception de modèles et en faire un puissant outil de communication. Je me suis interrogé sur ce qu’était une chaussure classique et sur la manière dont je pouvais la rendre plus contemporaine. En tant que designer, j’ai traduit le mouvement et le dynamisme à l’aide d’une trame de points perforés très graphique et ordonnée qui confère une identité différente à la chaussure. Nous avons également travaillé sur la semelle et sur une version sans lacets avec une découpe très moderne et minimale dans la matière. La fabrication de chaussures est un métier à part entière et les contraintes restent nombreuses mais nous avons réussi à développer un produit singulier en édition limitée à 300 exemplaires.
