image2 1 scaled CAROLINE KARENINE

TANC Interview

Personnage discret de la scène contemporaine actuelle, Tanc n’en demeure pas moins l’une de ses figures majeures. Aimanté par le graffiti à la fin des années 80 puis devenu adepte de la peinture en atelier, il a fait évoluer sa pratique vers des créations plus instinctives exposées aujourd’hui aux quatre coins de la planète. Évolution du street art et son entrée en galerie, écriture stylistique, projets futurs dont un solo show à la Galerie At Down de Montpellier… il se livre sur son mode de vie avec un regard amusé.

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Hello Tanc, tu as fait tes premiers pas d’artiste avec le graffiti dans la rue… ?
Je dessine et pratique la peinture depuis mon enfance. Mon père, architecte, avait peint plus jeune et réalisé plusieurs expos. J’ai eu la chance de grandir dans un environnement favorable à la création. J’avais du matériel autour de moi ainsi que des tableaux contemporains accrochés aux murs, notamment des Velicovich. Je découvre le graffiti et le rap avec mon frère ainé en 89. A 10 ans, je commence à réaliser des esquisses sur papier et regarder attentivement les fresques que je croise. À côté de cela, je continue à dessiner et peindre des formats de plus en plus grands, je participe à un atelier peinture de la ville de Paris… En 1993 l’ambassade d’Irak, qui se trouvait dans ma rue, fut démolie et laissa place à un terrain vague encore existant aujourd’hui. En 1996, je réalise ma première peinture à l’intérieur. C’est une peinture abstraite, je découvre les différents traits et effets possibles avec une bombe de peinture. Je suis grisé par la liberté gestuelle que procure cet outil. Il est clair qu’il y aura un avant et un après ce jour-là dans mon parcours d’artiste. Mais les années précédentes auront eu au final le pouvoir de rendre, au fur et mesure, ma peinture singulière.

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Et puis tu as décidé assez tôt de te tourner vers un travail d’atelier… Pourquoi ce choix ?
Je me sentais l’âme d’un artiste ! (Rires) Sérieusement, j’étais encore graphiste quand je rencontre Jean Faucheur qui m’invite à peindre des formats papier de 3×4 mètres dans son atelier. Ce fut la première fois que je mélangeais l’ambiance d’atelier avec une peinture à la bombe de grand format. J’avais la voix de Jonone dans la tête : notre peinture c’est le futur ! Il faut la conserver ! J’avais toujours rêvé d’être artiste et sans m’en rendre compte, c’était en train de devenir réalité. Quelques mois plus tard, j’avais un premier atelier dans un squat et j’arrêtais tout autre activité.
Tu considères qu’être un artiste est un véritable mode de vie…
Oui, cela vient d’une phrase que j’avais dite lors d’un rdv avec le musée d’art contemporain de Shanghai. J’étais en voyage avec L’Atlas, Sun7 et Clyde Knowland. Nous sortions, comme à notre habitude, tous les soirs. Les lendemains étaient parfois difficiles. Et ce jour-là, malgré le port de mes lunettes de soleil, je dormais sur ma chaise. Lorsque je repris connaissance, amusé de la situation, je m’exclamai : « Life is a performance ». Je pense qu’on ne peut pas tricher avec l’art. On doit être pur. Entier ! C’est dans ce sens que je conçois l’art comme un mode vie. Bien sûr, ma vie a évolué. Elle est beaucoup moins Rock’n’Roll qu’il y a dix ans. On en ferait plus un film… Mais ça a du bon aussi. Je produis plus et réponds aux interviews dans les temps.

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Quel regard portes-tu sur le street art aujourd’hui, les galeries et les changements intervenus depuis plusieurs années ?
Je suis très positif et confiant dans l’évolution du street art et du graffiti. Le monde de l’art en avait vraiment besoin. La peinture avait complètement disparu des galeries et des musées. L’art conceptuel, qui en est la cause, a rendu les peintres ringards pendant 30 ans. Mais en réalité le graffiti et ce qui se produisit avec le début du street art était l’évolution de la peinture contemporaine. Aujourd’hui, ce sont des milliers d’artistes, des centaines de galeries et des dizaines de musées qui ont éclos sur ce thème. Je trouve ça génial. On a réconcilié le grand public avec l’art par la peinture. Nous sommes de nouveau les stars ! (rires) Après, ça ne veut pas dire que j’aime tout ce que je vois non plus. Mais dans une vision large, je trouve que ça avance bien. Quand j’ai commencé à peindre des graffitis, il était impensable de gagner de l’argent avec. Les meilleurs travaillaient dans le graphisme, le design… Aujourd’hui, j’expose dans des galeries et des musées aux quatre coins du monde. Cela illustre assez bien l’évolution.

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En matière de style, de techniques et de supports, quelle a été l’évolution majeure pour toi depuis tes débuts ?
Il n’y pas vraiment d’évolution majeure dans ma peinture. Depuis ma première utilisation de la bombe jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais cessé de rechercher des moyens de sublimer cet outil. Je veux dire par là qu’on ne le ressente pas comme tel. L’idée étant d’annuler une trop forte connotation. Je veux qu’on soit happé par la peinture et qu’on ne se soucie de la technique que dans un deuxième temps. Pour cela, je suis passé du « crachoti », à des mélanges d’encre et de bombe (eau et huile se repoussant mutuellement) à gratter dans les couches de peinture encore fraiche avec l’embout de la bombe pour créer des profondeurs, utiliser des bombes à haute pression en posant la surface à peindre sur le sol pour récupérer la poussière de peinture. Je me considère comme un jeune peintre et pense avoir encore beaucoup à découvrir. Si ce n’était pas le cas, je pense que j’aurais arrêté. Je ne supporte pas me copier, je suis incapable de déléguer à des assistants. J’ai besoin de me mettre en danger, d’avoir la sensation d’avancer. Et la recherche de style et de technique est ma source.

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