Designer d’objets et de mobilier passionnée par les matériaux et leurs procédés de fabrication, Victoria Wilmotte partage son activité entre les commandes de pièces sur mesure, de galeries et d’éditeurs et des pièces autoproduites vendues sur son eshop. Au coeur de son atelier parisien, elle manipule la matière avec élégance pour faire naitre des formes et lignes sculpturales.
Bonjour Victoria, votre parcours en quelques lignes ?
J’ai tout d’abord intégré l’école Camondo à Paris pour suivre une formation d’architecture d’intérieur et de design.
Après trois ans, j’ai décidé de me concentrer sur le design et je suis partie à Londres pour étudier au Royal College of Arts où j’ai commencé à m’intéresser de près aux matériaux et aux techniques de fabrication. Je suis ensuite rentrée à Paris et j’ai démarré, dans mon atelier installé chez moi, mes premiers projets dont celui des carafes en porcelaine de Limoges pour la Tools Galerie dans le Marais avant une première exposition solo à Bruxelles chez Pierre Bergé & Associés. La maison de vente disposait d’un espace pour les designers dans lequel j’ai eu l’opportunité de présenter mes premiers travaux sur le thème du marbre, notamment grâce à Frédéric Chambre, commissaire-priseur.
Galeries, éditeurs, salons….
Vous avez, à vos débuts, travaillé sur de multiples types de projets ?
Oui, j’ai réalisé plusieurs collaborations avec des éditeurs, marques et autres entreprises qui souhaitaient mettre en relation leur activité avec des créations de designers. Notamment le développement de collections d’objets en marbre et pierres sur nid d’abeille pour une société marbrière. Il y a eu également le salon Equip’Hotel à l’occasion duquel j’ai créé une collection de vasques en corian, la collection capsule La Redoute x Bensimon pour laquelle j’ai dessiné des tables basses, miroirs et rangements, Land Rover avec qui j’ai conçu un bagage cabine inspiré de l’histoire et du design du Velar. Sans oublier ClassiCon avec qui je travaille toujours, Legran Matière Grise, et plus récemment Haviland et Daum.
Vous avez créé la VW Factory, expliquez-nous un peu ce qu’est cet espace multifonctionnel….
Je me suis installée en septembre 2015 au coeur de cet espace que j’ai entièrement réaménagé et équipé. Le lieu est à mon image, c’est à la fois mon bureau, mon showroom et un atelier de fabrication dans lequel j’ai installé plusieurs types de machines qui me permettent de développer mes projets directement ici, notamment les objets vendus sur mon site qui sont tous réalisés sur place. Il me permet aussi d’explorer, de tester et de mettre en formes des pièces sur mesure, telles que de grandes lampes, tables et autres objets.
Vous réalisez nombre d’expérimentations sur les matériaux, notamment avec l’acier… Et travaillez beaucoup à la main du coup avec un intérêt pour les procédés techniques ?
Effectivement, je travaille beaucoup avec l’acier et sur les multiples possibilités qu’il offre en termes de création d’objets. Je dessine pas mal, réalise des patrons et met en forme l’acier en 3D pour ensuite passer à la pratique de manière artisanale. Découpe, soudure, pliage, finitions…sont en grande partie effectués à la Factory même si je fais parfois appel à des sous-traitants pour certaines pièces. En tout cas, j’apprécie particulièrement le travail artisanal, pouvoir créer quelque chose avec ses mains est génial. Je suis fascinée par les usines et les ateliers de manière générale, et c’est en voyant leur transformation que je parviens à imaginer des projets.
Vous créez pas mal de pièces uniques sur mesure ?
Je partage mon temps entre les commandes et mes propres objets. Parmi mes créations, on retrouve effectivement des pièces réalisées sur mesure comme des pieds de tables, des luminaires ou encore une cheminée. Ces projets sont pour la plupart destinés à intégrer des galeries, des intérieurs de particuliers ou des hôtels et restaurants par exemple.
Pourquoi avoir fait le choix de commercialiser directement vos créations ? C’est assez rare chez les designers…
L’idée de départ était de pouvoir réaliser mes objets moi-même et les commercialiser directement en ligne. C’est très intéressant de pouvoir gérer l’ensemble du processus de fabrication sans être obligée de solliciter une aide extérieure. Je suis libre de dessiner ce que je veux, d’expérimenter les différentes étapes de conception de manière autonome et artisanale, ce qui me permet aussi d’enrichir ma pratique pour mes projets de commandes.
Vous continuez en parallèle à collaborer avec des éditeurs et marques ?
J’ai toujours collaboré avec des éditeurs et des marques et je poursuis dans ce sens-là car cela me permet de développer mon savoir-faire auprès de fabricants et de m’adapter à leurs demandes tout en conservant mon ADN. Ce sont des expériences d’ouverture très enrichissantes et elles apportent une certaine diversité dans mon travail de designer.
Que pouvez-vous dire sur vos projets actuels et futurs ?
Plusieurs projets sont en cours et verront le jour prochainement dont celui d’une cheminée à destination d’un particulier. Je travaille également sur un lustre pour un hôtel et un autre projet pour une galerie qui devrait être présenté en septembre 2020. L’idée de travailler à différentes échelles est toujours très intéressante et c’est ce que je souhaite continuer à faire.