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INTERVIEW – MATHILDE BRETILLOT

FIGURE DE LA CRÉATION CONTEMPORAINE, MATHILDE BRETILLOT A FORGÉ SON IDENTITÉ AUTOUR DE LA DIVERSITÉ DES PROJETS POUR LESQUELS ELLE PRIVILÉGIE AVANT TOUT LA RENCONTRE DES SENSIBILITÉS. TOUR À TOUR DESIGNER D’OBJETS ET DE MOBILIER, SCÉNOGRAPHE ET ENSEIGNANTE, LA CRÉATRICE FAÇONNE DES ŒUVRES OÙ ESTHÉTIQUE ET RAFFINEMENT SE MARIENT À LA PERFECTION. RENCONTRE AVEC UNE FEMME AUX MILLE ET UNE IDÉES.

Pour démarrer, pouvez-vous nous retracer les grandes lignes de votre parcours ? Je suis sortie diplômée de l’Ecole Camondo en 1984 avant de m’envoler pour Milan où j’ai travaillé avec Martine Bedin. J’y suis restée trois années durant lesquelles j’ai dessiné mes premiers objets pour la collection SOLID sous la direction artistique de Michele de Lucchi. Puis après avoir passé huit mois à Taïwan, je rejoins Londres en 1989 pour collaborer avec Ross Lovegrove. Dès 1991, je reviens à Paris et travaille avec Philippe Starck jusqu’en 1994, année où je démarre la coordination de l’enseignement du Desisgn et développe les projets de partenariat ainsi que les relations avec l’international pour l’ESAD de Reims, et ce jusqu’en 2006. Je n’ai depuis jamais cessé d’enseigner, notamment à La Cambre, à Bruxelles et l’Ecole Camondo depuis 2007. Entre temps, je fonde ma propre structure, en 1997.

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Vous avez passé plusieurs années à Milan et Londres avant de rejoindre Paris. Quel impact sur votre travail ont pu avoir ces expériences à l’étranger ? Il s’agit avant tout d’un goût pour la découverte et une envie d’élargir le plus possible les champs de la création. J’ai découvert des relations à la création différentes, sensuelles et théoriques en Italie, pragmatiques et excentriques en Angleterre.

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Vous explorez des domaines très variés : objet, mobilier mais aussi mode, textiles et bijoux, design d’espace. Vous ressentez un véritable besoin de varier les projets ou il s’agit plus d’opportunités ? C’est un mélange entre opportunité et désir de traverser des questions très différentes. Je pense que le Design s’infiltre dans tous les contextes. Ce que j’aime surtout c’est de voyager d’une échelle à l’autre, entre objet et Espace et créer un lien entre ce qui nous enveloppe et ce que nous pouvons tenir dans la main ou déplacer dans un lieu. Les objets donnent un sens à l’espace et l’espace donne un sens à nos relations intimes et notre relation au monde.

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Justement, de quelle manière choisissez-vous et menez-vous vos projets ? A l’instinct ? Après une longue réflexion ? Au coup de cœur ? L’intuition et l’analyse sont toujours au cœur de mes projets. C’est un voyage permanent entre soi et l’autre, la rencontre des sensibilités et un point de vue objectif sur les enjeux. Je travaille surtout avec des commanditaires avec qui je peux dialoguer, rire et explorer.

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Vos créations sont élégantes, raffinées, détachées et toujours très esthétiques. Votre œuvre en est ainsi qualifiée de « dandysme féminin du design ». Que pensez vous de cette définition ? Je la trouve joyeuse et je pense qu’elle transmet bien l’idée de liberté et de beauté.

Vos travaux sont aujourd’hui exposés en galerie et édités par de grandes maisons, quelle partie de votre métier vous attire le plus ? Le design utilitaire ou le design artistique ? Je ne me retrouve pas dans cette expression catégorique des genres, je pense que tout est lié.

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Plusieurs de vos collaborations concernent des musées et galeries. Vous avez un attachement particulier pour ce type de lieux ? Quelles sont leurs particularités pour un designer ? Ce sont des lieux qui sont un peu hors des soupapes du quotidien. Ils sont en cela, d’une grande importance pour chacun de nous. Ils nous relient à notre histoire et convoquent en même temps notre imaginaire. Il demeure très intéressant de définir le cadre et la mise en scène de ces lieux de découverte.

Vous avez travaillé le verre, le bois, le métal, la céramique… Pour vous quel serait le matériau idéal s’il ne devait y en avoir qu’un ? Il m’est très difficile de répondre à cette question car je les aime tous. Disons que j’ai peut-être une prédilection pour le verre, trempé, soufflé, moulé, argenté, coloré, transparent… Il existe sous des formes tellement différentes, épais ou cristallin et il joue toujours avec la lumière.

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Vous œuvrez également à la transmission en étant conférencière, en participant à de nombreux workshops et en enseignant au sein de grandes écoles européennes. Que voulez vous transmettre aux générations futures ? La création nous permet d’envisager le futur, de remettre en question, de sortir des impasses, d’exprimer la liberté, une façon altruiste d’être au monde.

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Quels sont vos projets actuels et futurs ? Une nouvelle collaboration avec votre frère Marc Bretillot, designer culinaire ? Plusieurs projets sont en cours. Je travaille notamment sur un bureau de ministre en partenariat avec le Mobilier National, du mobilier de salle de bain avec Ambiance Bain sans oublier les commandes privées de mobilier et les objets édités chez Cinna. Quant aux espaces, je peux évoquer les prochaines maisons de vacances en France et les bureaux des éditions des Arènes. Avec mon frère Marc, designer culinaire, nous réfléchissons à la mise en place d’un projet en Thaïlande qui pourrait prendre la forme d’un clin d’œil de la similarité qu’il existe entre cuisiner et fabriquer des objets

www.mathildebretillot.com / © D.R

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