Sébastien Salamand, plus connu sous le pseudonyme Le Turk, a trouvé dans la photographie un moyen de mettre en images ses histoires et fantasmes. Inspiré par le cinéma, la BD ou encore l’opéra, il crée de véritables tableaux où se mêlent décors fantastiques, personnages étranges et mise en scène soignée. Un travail d’artiste à contempler cette année à Metz où il s’installe en résidence.
Bonjour Sébastien, enfin Le Turk plutôt !
Retracez-nous votre histoire en quelques lignes…
Enfance à la Tom Sawyer, passée à dessiner et faire des cabanes. Adolescence à draguer, faire des petits films et de la musique. Puis découverte de la photo en 2009. Je suis simplement issu de la flopée de photographes née avec l’arrivée de l’ère numérique. J’y ai trouvé là un médium efficace pour raconter des histoires.
Pourquoi avoir choisi ce pseudonyme Le Turk ?
Que signifie-t-il ?
C’est idiot : c’est le surnom que j’avais quand je faisais des concours de bras de fer.
je viens de la BD, de la narration ou même de l’opéra : je ne suis pas assez bon photographe pour me passer de tous ces artifices. La photographie est le moyen que j’ai pour « écrire », pour « incarner » tout ça, et en effet, il arrive à la fin d’un processus plus long que la photo elle-même.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous créez ces tableaux photographiques ?
C’est assez simple : tout part d’une sensation, d’une nostalgie à décrire. Alors de la même manière qu’on mettrait en scène un souvenir à la fois vague et précis je me laisse guider et je passe au concret. Le « fantasme » ne représente qu’un pour cent de la création, tout le reste n’est que choix esthétiques très basiques et boulot.
On est bien loin du « simple shooting »… il y a un véritable travail de création sur la mise en scène, les décors, les personnages…. Vous êtes d’ailleurs dessinateur et décorateur avant tout ? Car la photographie n’est finalement que l’étape finale de ce processus ?
Oui, c’est sans doute car je viens de la BD, de la narration ou même de l’opéra : je ne suis pas assez bon photographe pour me passer de tous ces artifices. La photographie est le moyen que j’ai pour « écrire », pour « incarner » tout ça, et en effet, il arrive à la fin d’un processus plus long que la photo elle-même.
Vous vous inspirez beaucoup de l’Histoire, du théâtre, de l’univers du cirque, de la musique classique et du cinéma ?
Oui, car au final, je suis sans doute un musicien, un metteur en scène ou un cinéaste pas tout à fait accompli. Pourtant, mes véritables fantasmes sont là, mais il faut pouvoir créer avec ses moyens. Et puis en s’inspirant de manière indirecte on échappe un peu au mimétisme très présent dans le monde de la photo où beaucoup essaient de refaire l’image du voisin.
Chaque série a d’ailleurs sa propre histoire mais on sent une vraie continuité entre elles…
Ravi que vous puissiez voir cette continuité. Mes personnages évoluent… avec moi et ma perception de l’époque qu’on traverse.
Lorsque l’on regarde vos œuvres, on pense entre autres à Georges Méliés, au style de certains films du réalisateur Jean-Pierre Jeunet…
Méliès c’est le génie français dans sa splendeur… Fou, innovant, artisan et qui n’arrive pas à capitaliser sur sa création ! Et Jeunet, avec Caro, qui sont arrivés à produire un cinéma étrange, unique mais à la fois grand public. Donc, capital pour moi, oui. Surtout qu’ils arrivent à mettre en scène une mythologie française populaire, ce qui est très rare aujourd’hui.
J’ai lu que vous alliez participer à un nouveau projet de fresque photographique baptisée « France » à Metz où vous exposerez également vos œuvres à l’occasion de deux festivals…
Oui, je pars en résidence à Metz réaliser un vieux rêve : déclarer mon amour à la France à travers une fresque « mysthico-historico-burlesque » ! Et j’en profite pour faire une exposition un peu rétrospective sur 10 ans de photographie grâce au festival photo « photographie mon amour ». Et pour participer au Festival Constellations. Le tout dans une ville que j’adore.
Vous animez également des Masterclass ? Et la vidéo ?
Oui, j’anime des formations de temps en temps. Beaucoup de photographes en réclament. Et j’adore les rencontrer, partager. Cela me permet de sortir un peu de ma grotte et de ma sauvagerie naturelle… Quant à la vidéo, j’ai un scénario tout prêt qui n’attend juste que quelques mois de tranquilité et de la trésorerie d’avance (car je finance tout moi-même).
Merci Le Turk !
Un immense merci à vous, que Dieu vous garde !